A Bruxelles, Audi met la clé sous le paillasson. Des milliers d’emplois passent à la trappe. Sale temps pour le secteur automobile. A vrai dire, c’est une véritable ambiance de mort ! VW n’est pas seule dans la tourmente. Chez Mercedes aussi, le moral est en berne. Et que dire de la crise qui a secoué Stellantis suite à la démission avec effet immédiat de son PDG, Carlos Tavares faisant plonger le titre de plus de 6%. Le malaise automobile est immense et il est le fruit d’erreurs politiques tout aussi immenses.
Autant en emportent les Verts
En 2020 déjà, B-Mag prédisait la fin peu glorieuse du groupe Volkswagen dans un article consacré au Dieselgate. Il décrivait l’impasse mortifère que constitue pour l’industrie automobile la philosophie « Net Zero » que lui impose sans discernement la classe politique. Quatre ans plus tard, le mal s’est étendu à l’ensemble des constructeurs européens. Pour eux, l’équation devient impossible. La marche forcée vers la voiture électrique a fait chou blanc. Le moteur à hydrogène, encore plus utopique, a totalement disparu des radars. Une alerte enlèvement pour le retrouver dans nos quotidiens préférés?
L’hostilité légitime des travailleurs envers les élus écologistes venus récupérer leur misère sociale à quelques jours des élections devant l’usine Audi en sursis aura mis en lumière un niveau de cynisme, ou de bêtise, voire les deux, rarement atteint en politique.
Les politiques à l’emporte-pièces prises sous l’emprise de Greta Thunberg dans son ancienne vie de militante écologiste ont transformé des fleurons de l’industrie européenne en véritables boulets. Après la casse sociale, viendra le temps des plongeons en bourse. Mais ils ne seront pas passagers. La crise n’est pas conjoncturelle, mais bien structurelle.
L’Europe, un continent à la dérive
La désindustrialisation du vieux continent ne touche pas que son secteur automobile. En s’enfermant dans le piège des accords de Paris et des COP successives, l’Europe fixe à l’ensemble de ses industries un cadre tissé d’imbécilités. Elle les prive aussi d’énergie abordable. A ce stade, et sans compter avec la fiscalité, la compétitivité n’y est déjà plus. C’est Darwin qui est à l’œuvre. Les investisseurs se montrent frileux. Les talents s’expatrient. Les vocations s’étiolent. On achève bien les filières… Automobile, agriculture, construction… La liste n’est pas exhaustive.
Si la destruction du secteur automobile finira par priver à terme la classe moyenne européenne d’une mobilité digne de ce nom, quelque chose de plus grave encore pèse sur son logement. Les normes environnementales qui s’imposent désormais au parc immobilier résidentiel vont le rendre inabordable… et insalubre.
Alors que la Belgique ou la France connaissent déjà une véritable crise du logement puisque des pans entiers de la population, y compris des actifs, ne parviennent plus à se loger, les normes imposées par l’Europe vont obliger les propriétaires à investir des sommes astronomiques qui seront répercutées sur les locataires. Quant aux conséquences de ces travaux sur les bâtiments, elles s’avèrent parfois dramatiques. L’isolation mal pensée ou mal exécutée, et c’est souvent le cas, peut conduire à leur destruction. Les ponts thermiques et la condensation dégraderont la qualité de l’air intérieur avant d’endommager les structures en bois, voire en béton. Les systèmes de ventilation supposés réguler les problèmes d’humidité posent eux aussi leur lot de problèmes (conception adéquate, nettoyage de l’installation, …). A cela, il faut ajouter l’augmentation vertigineuse des prix de l’électricité qui pourraient rendre impayable l’usage d’un tel dispositif pourtant indispensable pour renouveler l’air et le rendre respirable dans une maison dite passive.
Des normes liberticides de la cave au grenier
Alors qu’en Europe des centaines d’années d’architecture vernaculaire ont conduit à la construction de logements adaptés à leur environnement, des technocrates ignorants en architecture imposent la construction d’un habitat standardisé totalement déconnecté de la réalité du terrain, des techniques constructives et surtout des besoins réels de ses habitants. En effet, les normes sont décidées sur base de températures théoriques standardisées. Peut-on laisser la liberté aux gens de vivre comme ils l’entendent avec le nombre de degrés de leur choix? Peut-on les autoriser à utiliser des tentures plutôt que de remplacer à grands frais les vitrages par une version super isolante ?
In fine, ces normes qui frappent les logements vont faire flamber leurs prix et exclure encore plus de locataires. Or le public qui peine le plus à se loger préfèrera un logement moins cher et rognera sur sa consommation d’énergie pour surmonter la détérioration des conditions économiques dues par exemple à l’inflation. Ce public préfèrera payer un loyer moindre quitte à adapter ses exigences de confort. Au contraire, l’écologie politique menée à coup de normes va approfondir la crise du logement, cette crise tellement terrifiante que personne n’ose nommer. Elle représente à vrai dire le signe du déclassement final pour une masse croissante de la population, y compris au sein des actifs. En souriant on parle des « Tanguy ». En réalité, de nombreux jeunes n’accèdent plus au logement et sont contraints de vivre chez leurs parents.
Au passage, on réalise que la baisse de la consommation d’énergie n’est pas ce qui motive ces politiques climatiques. Puisque la consommation d’énergie est élastique et fortement liée au prix, elle peut diminuer très fortement. Dans l’histoire de l’humanité, il a fallu attendre les trente glorieuses pour que des chambres à coucher soient chauffées. Et encore aujourd’hui, de nombreuses personnes n’éprouvent pas le besoin de chauffer ces pièces de l’habitation. Alors pourquoi le législateur présume-t-il du contraire ?
Pour déréguler l’économie en créant des niches artificielles comme celle de la voiture électrique ou celle des panneaux isolants ? L’isolation du parc immobilier résidentiel s’élève à 350 milliards, rien qu’en Belgique
Les batteries électriques qui ont enrichi les entreprises chinoises pollueront le sol européen. Il en va de même des panneaux isolants qui après avoir appauvris les Belges, éventuellement détruit leur habitation, les pollueront durablement.
Le but ne serait-il pas avant tout de capter notre épargne pour la diriger vers de le financement de travaux d’isolation ou d’achat de véhicule électrique quelle que soit la pertinence de la dépense et quoi qu’il en coûte au contribuable? A coup de dizaines de milliers, voire de centaines d’euros, on finit par créer un secteur. Voilà pour l’autre face du Green Deal.
T.H.