Heureuse francophonie de Belgique! Lorsque sa confiance dans le régime parlementaire actuel et, partant, dans la ‘particratie’ qui le sous-tend, vacille et tangue, elle peut compter sur le soutien indéfectible et serviable (servile ?) de la RTBF, qui nous a gratifiés mercredi soir d’une émission dont elle seule a le secret et le talent.
Une conversion en direct!
Panique à bord! Plus d’un tiers des Wallons attend l’arrivée d’un despote éclairé… un “bon Poutine”! Il n’en fallait pas plus pour que la RTBF mette le paquet pour éteindre ce départ de feu populiste! Sa mission de la soirée ? Aborder “sans – langue – de – bois – et – sans – tabous – les – vrais – sujets – qui fâchent”, afin de renouer les fils de la confiance entre le monde politique et le citoyen. On allait voir ce qu’on allait voir! Et de fait, on ne fut pas déçus : au bout de deux heures d’émission, en présence de Paul, Maxime, Georges-Louis, et les autres, des citoyens “pas vraiment contents”, mais “pas vraiment fâchés non plus”, s’en retournèrent assez contents et plutôt satisfaits somme toute de leurs discussions “franches et animées” avec les présidents de parti.
Ouf, ce fut chaud et le coup n’est pas passé loin lorsqu’une dame plus critique que les autres invités a lancé : “moins de ministres, et des plus compétents!”… Mais la magie a tout de même opéré: nous l’avons eu ce grand moment de direct, avec le retour dans le droit chemin, comme sur les meilleures chaînes télévangélistes, du plus “remonté” de nos concitoyens – triés sur le volet – qui a terminé son long quart d’heure de célébrité en remerciant Paul Magnette de lui avoir rendu la foi en la démocratie! Alléluia, si vous voulez assister à des miracles, c’est sur la RTBF que ça se passe, et sous la houlette de Sacha Daout dans le rôle de l’ecclésiastique cathodique!
Une soirée spéciale pour retomber dans le coma
La RTBF pouvait fièrement relever le menton et bomber le torse: elle avait réussi sa mission. Le soldat ‘démocratie’ semblait sauvé, du moins provisoirement; les brebis presque égarées allaient retrouver le confort chaud et douillet de l’étable démocratique. Comme quoi, il en faut si peu pour rassurer les citoyens: un verre de vin, une bière, quelques chips, un petit serrage de mains et des propos rassurants: “Oui, vous avez parfaitement raison, c’est proprement scandaleux que les citoyens qui travaillent gagnent si piteusement leur vie” nous dit-pour ne rien dire- un Maxime Prévôt interpellé sur les avantages financiers des élus… Ou encore cette perle: peu importe le nombre de ministres de la santé, ce qui importe, c’est l’efficacité. Et de fait, en francophonie belge, on sait ce que sait l’efficacité…. Et d’oser, dans la foulée, une comparaison tout à fait inappropriée avec l’Allemagne ou l’Inde en ce qui concerne le nombre d’élus ou de ministres. En prenant pour point de comparaison “la plus grande démocratie du monde” qui régit le sort de pas loin de 1,4 milliard d’âmes, nos soldats de la social démocratie se laissaient une bonne marge!
De toute évidence, il n’est venu à l’esprit de personne que la défiance grandissante à l’égard de notre régime parlementaire actuel et de sa classe politique pouvait trouver une partie de son explication dans cet ‘entre-soi’ médiatico-politique qui a réussi avec brio, presque ad nauseam, à étouffer toute voix discordante et à empêcher l’émergence de toute formation politique – principalement de droite – susceptible de porter les véritables revendications de nos concitoyens. Ce petit monde qui vit retranché derrière son cordon sanitaire ne comprend toujours pas qu’il tient là, fermement, le garrot qui le prive d’oxygène à brève échéance.
On saluera la prestation de l’artiste: la RTBF a réussi à replonger une bonne partie d’entre nous dans l’état comateux qui est le nôtre face au petit écran. Les plus pragmatiques auront mis à profit ce grand moment de télévision pour faire leurs shopping en ligne en levant de temps en temps les yeux pour mettre un visage sur les âneries qui n’ont pas manqué de fuser.
Néanmoins, il reste un sérieux problème de fond pour les élus et leurs journalistes: Plus de 50% des Belges souhaitent l’introduction d’un référendum (et pas une “simple “consultation) au sujet des questions de société qui les taraudent. On peut imaginer que l’immigration et la politique énergétique font partie du lot. Mais, ça, la RTBF n’en n’a dit mot, préférant se ménager une voie pour poursuivre sa fuite en avant dans le wokisme et l’écologisme.
Gaëtan Zeyen