Pour en finir avec l’impôt progressif

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Impôt progressif

« Le jour est proche où nous n’aurons plus que l’impôt sur les os. »

Cette boutade attribuée à Michel Audiard illustre à merveille le mal principal dont souffrent certains pays européens occidentaux, au premier rang desquels le Royaume de Belgique et la République française : une ‘rage taxatoire’ sans égal (déjà dénoncée en un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître), combinée à une incapacité pathologique à essayer de maîtriser un tant soit peu les dépenses publiques.

Il est vrai que le régime actuel, qualifié encore de ‘démocratique’ (la façade a fière allure), s’est mué, en Belgique francophone du moins, en une forme d’inaptocratie, dans le cadre de laquelle les moins aptes à gouverner et veiller sur la res publica se font élire grâce – majoritairement – aux voix des moins aptes à travailler et produire de la richesse, mais généreusement tenus à bout de bras par des subventions, contributions, allocations, etc. Solidarité oblige !

Le résultat ? Une augmentation en flèche du ‘précariat’ (nouvelle classe sociale en développement ultra-rapide et vouée à remplacer la classe moyenne traditionnelle) et des contribuables – lorsqu’ils travaillent encore – exsangues et incapables de faire face à la moindre difficulté économique.
Dans un tel système, il est dès lors tout à fait compréhensible et normal que la ‘pompe à impôts’ doive tourner à plein régime !

La progressivité de l’impôt, une idée d’extrême-gauche

Pourtant, même dans un tel système, les harangues pavloviennes de la gauche extrême (FGTB, PTB, PS, Ecolo) en faveur d’une imposition toujours plus étendue et importante des ‘riches’ (par exemple, sous la forme d’une contribution dite ‘Corona’) a quelque chose d’éthiquement injuste.

En réalité, ce type de ‘revendication’ n’est que la énième formulation de l’idéologie de la contre-exploitation des ‘bourgeois’ et qui trouve sa consécration dans le système fiscal que nous connaissons actuellement depuis des décennies: celui de l’imposition progressive par tranches.

Historiquement, ce système de la ‘progressivité’ trouve sa source idéologique (sans remonter au déluge) chez les Jacobins de la Convention et dans le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels. Son enracinement historique et idéologique est donc d’extrême gauche.

Il s’agit donc déjà, intrinsèquement’, d’un système fiscal socialo-marxiste, dont l’objectif n’est pas la ‘justice fiscale’, mais la transformation égalitariste de la société.

Un impôt sans contrepartie

L’instauration et l’adoption de ce système progressif par tranches, qui est selon les termes du philosophe allemand Peter Sloterdijk « le résultat d’un dressage politique qui aurait fait pâlir de jalousie n’importe quel Ministre des Finances de l’absolutisme », a eu pour conséquence, irrémédiable, de basculer d’une conception de l’impôt ‘avec contrepartie’ (dans le cadre de laquelle il était communément admis que l’imposition, souvent supportée par le plus grand nombre, bénéficiait aussi à la majorité de la population, dès lors qu’elle servait à maintenir et garantir par exemple la sécurité et santé publiques) à une conception de l’impôt ‘sans contrepartie’, totalement arbitraire quant à elle et ayant pour objectif principal les ‘richesses’ d’un individu plutôt que sa juste participation au ‘Bien commun’.

Ce passage d’un système fiscal ‘avec contrepartie’ à celui ‘sans contrepartie’ a des répercussions insoupçonnées sur la vie des citoyens-contribuables et, partant, sur le développement créatif et donc la prospérité d’une société dans son ensemble: privés parfois de près de 50% du fruit de leur travail, les citoyens-contribuables perdent autant en liberté, créativité, envie d’entreprendre, etc. Il en résulte une atrophie et un dessèchement progressifs et généralisés de la société.

Il est loin le temps béni (non pas des colonies) où l’instauration d’un impôt sur le revenu à hauteur de 3,3% suscitait chez la reine Victoria des scrupules et doutes quant au caractère supportable de cet impôt. À titre de comparaison, actuellement en Belgique, un contribuable isolé percevant un revenu net imposable globalement de 40 000 € (revenu net constitué uniquement de revenus professionnels) subira un impôt de base de 17 454 €.

L’impôt progressif : menace sur la vie privée

Par ailleurs, dès lors que le système d’imposition progressive par tranches a pour objectif les ‘richesses’ elles-mêmes des citoyens-contribuables (et non plus leur contribution proportionnelle au ‘Bien commun’), l’État souhaite connaître, par tous les moyens, l’état de fortune de ses citoyens, ce qui explique et justifie toutes les obligations de déclaration pesant sur eux et la multiplication des instruments d’échanges de renseignements. Phénomène en cours et en voie de renforcement.

Dit très simplement, le système d’imposition progressive par tranches entraîne mécaniquement une immixtion toujours plus grande de l’Etat (et de toutes ses composantes) dans la sphère privée des citoyens-contribuables, et donc une diminution corrélative des libertés individuelles.

Pour sortir de cette ‘tyrannie fiscale’ et réinstaurer une fiscalité éthiquement plus juste, il conviendrait d’en revenir à un impôt proportionnel (flat tax).

On remarquera d’ailleurs que c’est précisément cette formule qu’ont privilégié les anciens pays dits satellites de l’ex-URSS. Ce n’est certainement pas le fruit du hasard.

Une véritable révolution fiscale doit être menée dans l’intérêt de tous, laquelle passera nécessairement par une mise à l’écart sur le plan politique de la gauche extrême.

Gaëtan Zeyen