Où va la droite?

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Où va la droite?
Où va la droite? Photo de Jan van der Wolf provenant de Pexels

Même si la polarisation autour d’un spectre qui va de la droite à la gauche n’est pas l’unique grille de lecture de la vie politique, cet axe reste structurant, à tout le moins, dans l’esprit d’une majorité des électeurs. En France, le brouillage de ce repère historique est sensiblement mis en scène par un Macron ou une Pécresse. En Belgique, c’est encore plus simple : tout programme situé à droite des principes de l’internationale socialiste est taxé de turbo-néo-libéralisme comme l’illustre le cas Crucke. Dès lors, se pose une question fondamentale : que reste-t-il de la droite ?

Guillaume Peltier : itinéraire d’un droitard décomplexé

En France, Macron aura eu un certain mérite, celui d’avoir dynamité les structures de la gauche. Elle est en lambeaux. Grâce à lui (et au corona aussi), la fête de l’Huma, c’est un peu la nuit des morts-vivants. La candidature Taubira, celle de trop, n’y changera rien. Pour autant, nous ne sommes pas sauvés. La gauche, n’est pas morte. Elle s’est juste macronisée. Dans sa mue, elle traverse une phase de fragilisation que la droite aurait pu opportunément saisir pour l’anéantir, une fois pour toutes.

Et bien non, avec Pécresse, la droite s’offre au contraire une promesse d’un « en-même-temps », autrement. A vrai dire, ce travestissement n’est pas chose nouvelle chez les Républicains. Les cocufiés du sarkozysme ne sont pas encore tous rétablis de l’ouverture à Kouchner… et au reste. Leur candidate qui tente de ressortir le karcher de sa boîte manque furieusement de crédibilité.

Rien d’étonnant dans ce contexte à ce que l’ex-vice président des LR, Guillaume Peltier, soit passé chez Zemmour. Les chroniqueurs politiques lui reprochent son nomadisme idéologique. Et si le problème résidait dans la localisation des idéaux qui devraient animer le camp de la droite ? Et si, finalement, « la droite » était celle qui avait inspiré Macron dans son en-même temps, tout en étant incapable d’en récolter les fruits ?

En effet, lorsque l’on regarde de plus près, la droite est passée maître dans les formules incantatoires jamais suivies d’effets. Pire, au fil du temps, elle se gauchise et fait siennes les causes les plus woke. Cette inconstance programmatique pousse la population au nomadisme politique, au shopping électoral et finalement, à une frustration permanente. Il en va de même pour les quelques représentants plus fidèles à leurs idéaux qu’à l’étiquette ou au label de partis dits de droite qui finalement font de la gauche, autrement.

Quand on analyse les motivations de Guillaume Peltier, on ne peut que retenir un acte de cohérence qui donne tout son sens à son combat (perdu) pour faire vivre la Droite Forte au sein du camp républicain. En quittant les LR, il préféré mettre sa carrière en jeu au profit de ses idéaux.

Wallonie: le cas Crucke

En Belgique, le pendant des LR a aussi connu une défection. Il n’a pas le charisme d’un Peltier. Il n’en n’a pas le courage non plus.

Après trente-cinq longues années de vie au crochet du contribuable, celui qui avait atteint un apex à son poste de ministre wallon des Finances ne se retire pas gratuitement de la politique. Non, notre opportuniste écologiste du MR compte se refaire à un poste grassement rémunéré (celui-là même que convoitait Zakia Khattabi apparentée à la version originale d’Ecolo). Cette grosse légume, incarnation d’une Wallonie qui croule sous sa dette, n’avait pas réussi à imposer sa réforme fiscale aux relents collectivistes. Plutôt que de poser l’anneau gastrique à la Wallonie obèse, cet orgueilleux personnage entendait se servir un peu plus sur la bête en alourdissant -entre autre- des droits de successions déjà stratosphériquement élevés !

Avec de tels collectivistes, le MR n’avait pas besoin d’ennemis. Georges-Louis Bouchez et son parti s’en remettront. Quant au libéralisme, il ne s’en portera que mieux. Ce sera aussi peut-être l’occasion de relever enfin le niveau d’expression orale des débats côté francophone. Il est vrai qu’avec un personnel politique dont la moitié des effectifs serait sous-titrée s’ils avaient à s’exprimer sur une chaîne française, il y a de quoi décourager en Belgique les tenants de la langue de Molière.

Une question subsistera néanmoins pendante pour nos deux pays : qui de la France ou de la Belgique peut se targuer d’avoir la droite la plus inutile du monde ?

Tatiana Hachimi