Le MR, Vivaldi et l’enfant président

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Bouchez-Liberte

Ce n’est pas encore la sortie de route pour le MR, mais une chose est certaine, il fait fausse route! A vrai dire, tant politiquement qu’idéologiquement, tout semble emprunter un très mauvais chemin à tel point que plus personne ne voit où Georges-Louis Bouchez veut aller. Le sait-il lui-même?

Après avoir clairement fait échouer les négociations en vue d’un gouvernement avec la N-VA, voilà que le MR se met en position de torpiller les négociations autour d’un hypothétique gouvernement Vivaldi qui peine décidément à voir le jour. Et là, on l’avoue franchement, cela devient assez incompréhensible pour celui qui tente d’analyser les éléments avec rationalité.

Comme nous ne sommes pas dans Psychologies Magazine ou dans Gala, nous ne nous risquerons pas à des élucubrations émotivo-pipolèsques. Néanmoins, on retiendra la virulence de Maxime Prévôt à l’encontre de GLB dans sa sortie ce matin sur la Première. Le ton est donné: « A force de faire n’importe quoi, on devient n’importe qui« . Voilà qui laisse aussi entendre que le CDH cherche à s’engouffrer dans le chas de l’aiguille qui lui permettrait d’éviter une cure d’opposition dont il ne se remettrait pas. Peut-être fait-il aussi payer au MR le débauchage -intervenu ce week-end – de son opportuniste élu, Bertin Mampaka,

Dans ce contexte, lorsque le président du MR exprime des réticences au niveau de la Vivaldi en invoquant son intransigeance concernant des objectifs réformateurs qui l’animeraient, on ne peut que rester dubitatif et cela pour deux raisons.

Tout d’abord, l’organisation du transfuge de Bertin Mampaka, machine à voix longtemps en service pour le compte de Joëlle Milquet -la présidente qui a assassiné le CDH par ces incessants coups de barre à gauche et ses dérives communautaristes-  sera de nature à nuire à l’image d’un parti, le MR, qui prétend défendre sinon la réforme, à tout le moins la bonne gouvernance. Et si le but était juste de mettre la main sur un paquet de 6000 voix, il eût été plus judicieux de ne pas rendre public ce tour de passe-passe -qui agace tant l’électeur que les partenaires- avant la formation de la Vivaldi. De toute façon le CDH était hors-jeu. Depuis cette annonce, le voilà en urgence absolue. Désormais, le CDH ne sera plus un adversaire, mais un ennemi qui n’a plus rien à perdre, ce qui n’est jamais bon.

Ensuite, et plus incompréhensible encore, cette volonté de s’affirmer « à droite » après avoir boudé une coalition de centre-droit. En effet, si le MR avait suivi la N-VA et le PS dans une coalition «bourguignonne », il aurait été plus légitime dans son rôle de gardien des valeurs de droite. Mieux, il aurait pu, derrière cette « façade de droite », oeuvrer au sein de ce gouvernement comme le pivot qui consacre à la fois les exigences de bonne gouvernance des Flamands et les attentes sociales de francophones. C’est d’autant plus dommage que l’idée de revenu universel défendue par Georges-Louis Bouchez aurait permis de forger une image plus sociale du MR au sud du pays, tout en se donnant à terme les moyens de limiter considérablement le pouvoir des syndicats.

Mais voilà, pour des raisons qui nous échappent, le MR, tel un enfant-roi, continue, comme le CDH par le passé sous l’égide de son ex-présidente de droit divin, à suivre la mauvaise pente en cherchant la facilité et le gain de voix immédiat alors qu’il lui faudrait consolider sa colonne vertébrale idéologique pour affronter des temps qui seront très, très, durs et pour lesquels les one man shows sur Tik Tok ne seront d’aucun secours.

A moins que s’imaginant touché par la grâce, le président Bouchez n’ait cru l’espace d’un instant pouvoir faire pencher significativement à droite et par la négociation les programmes portés par la gauche éco-solidaire… Cette foi indéfectible dans une capacité à imposer ses volontés est le propre des enfants rois. Or c’est de tout sauf de cela dont notre petit royaume avait besoin!

Tatiana Hachimi