A l’affût des voix de gauche, en particulier celles de l’écologisme qui se sont massivement reportées sur Mélenchon au premier tour, Macron dans le discours qu’il a donné à Marseille s’est livré à véritable numéro d’éco-séduction.
Le climat sera LA priorité de son futur gouvernement nous dit-il. La question sera gérée par son futur premier ministre qui sera secondé selon ses dires par « un ministre de la planification énergétique qui aura pour mission de faire de la France le premier pays à sortir du gaz, du pétrole et du charbon. C’est possible nous le ferons ». Yes we can! Wir schaffen das! Or non seulement c’est impossible, mais en outre Emmanuel Macron en est parfaitement conscient.
Pourquoi le renouvelable fait exploser les émissions de CO2 ?
Le problème de l’éolien et du solaire, les principales énergies renouvelables poussées par les pouvoirs publics, c’est qu’elles sont intermittentes. Elles ne produisent en moyenne dans l’UE que l’équivalent 21 % du temps pour l’éolien et 11 % pour le solaire photovoltaïque. Or, techniquement, le réseau électrique ne peut subir aucune rupture d’approvisionnement, sous peine d’être endommagé. Un peu à l’image de la tension dans l’organisme, le bon fonctionnement du réseau électrique repose sur l’ordre et la constance. Or l’intermittence injecte de l’inconstance, voire du chaos dans un système dont la technologie ne permet toujours pas de gérer l’aléatoire, au risque de provoquer des déclenchements hautement préjudiciables qui peuvent aller jusqu’au black-out. C’est pourquoi ces installations d’énergies renouvelables intermittentes doivent impérativement être doublées par un dispositif thermique (au mieux du gaz, au pire du charbon !) capables de prendre le relais instantanément, une fois que le vent cesse d’actionner les pales des éoliennes (ou qu’au contraire, il est trop fort et impose de mettre les éoliennes à l’arrêt) ou que le soleil cesse de briller.
L’obligation d’instantanéité de cette supplémentation qui doit donc être facilement pilotable impose de passer par la génération d’électricité à partir d’énergies fossiles, les seules à ce jour qui puissent être activées de façon immédiate (à l’inverse du nucléaire qui produit de l’énergie de façon massive, régulière et sur de longues plages). C’est l’équivalent de la pédale de l’accélérateur de votre voiture qui réagit immédiatement. C’est pourquoi les énergies renouvelables proposées par les politiciens constituent une impasse. A vrai dire, elles se soldent par une explosion des émissions de carbone doublée d’un gouffre financier pour les utilisateurs, mais aussi pour les contribuables qui sont amenés à subventionner ce système aux antipodes de la rentabilité. C’est cela qui explique pourquoi, malgré qu’on ne cesse de vanter leur “gratuité”, aucun pays pauvre ne se tournent sérieusement vers elles. En effet, chaque nouvelle éolienne devrait être accompagnée d’une capacité équivalente de centrale au gaz ou au charbon. Tant qu’à faire, autant ne construire qu’un seul équipement.
En 2022, nous pouvons faire le bilan -carbone- catastrophique des énergies renouvelables. Le citoyen lambda et les entreprises sont mises à l’amende, et plutôt cinq fois qu’une :
Pour les éoliennes, tout commence par des subsides dès leur implantation. Ensuite, cette énergie renouvelable est subsidiée (en Belgique sous forme de certificat vert) car elle est non rentable pour les opérateurs. A cela, il faut ajouter une troisième couche pour assurer la construction de centrales thermiques (au mieux au gaz) destinées à prendre le relais. Mais comme cette production d’énergie n’est pas rentable non plus pour ses opérateurs-là, il faut assurer à ces derniers un revenu qui constitue une quatrième couche de subsides. Enfin, cerise sur le gâteau, dans ce système où in fine les émissions de CO2 finissent par exploser, la taxe carbone (sous forme de ETS) vient encore alourdir la barque de la fiscalité.
Macron, inconscient ou malhonnête ?
Inconscient, certainement pas. Pour preuve, en 2017, quelques mois après son élection « le jeune Président » s’est livré à Laurent Delahousse et aux caméras de France 2 invités à l’Elysée sur sa politique énergétique et Nicolas Hulot, son éphémère ministre de l’environnement (entre 18′ et 24′). En décembre 2017, déjà, Emmanuel Macron mettait en avant le problème de l’intermittence du renouvelable. En décembre 2017, déjà, malgré sa conscience de cet obstacle majeur, il poussait pour plus de renouvelable. Il promettait même la fermeture des centrales à gaz dès la fin de son quinquennat. Si, si…
Et comment arriver à ce miracle ? A l’époque, le « jeune président » vantait les mérites de la méthanisation « qui rapporte plus aux éleveurs allemands que la vente de leurs bêtes ». Faut-il rire ou pleurer sur le sort des malheureux agriculteurs contraints de vendre la viande à vil prix sous l’effet pervers de la politique agricole commune ? Le secteur de l’élevage appréciera le niveau de cynisme.
Quant aux Français, avant de voter, ils feraient bien de tourner sept fois leur bulletin dans leur main s’ils ne veulent pas voir leur mode de vie durablement affecté, connaître les affres du black-out qui leur pend sous le nez, voir leur mobilité réduite à néant sous les ordres d’un « ministre de la planification énergétique » qui gérera leurs déplacements avec autant d’autorité et aussi peu de discernement qu’un ministre de la santé auto-justifié par une pandémie ou les coûteux conseils de McKinsey.
Avec l’écologie politique, qui tient de la religion, tout est permis, même le pire.
Monsieur Macron pourrait aussi ne pas être convaincu par son laïus, ce qui est de loin le plus probable. Dans ce cas, il serait un menteur.
La réalité est probablement encore moins belle. Réélu, Monsieur Macron sera très tenté de poursuivre la fuite en avant écologique, ni pour l’écologie, ni pour fournir de l’énergie à ses concitoyens mais pour faire main-basse sur les milliards que l’UE promet de déverser à travers son Green Deal, la manne d’euros post-Covid que les prochaines générations devront rembourser.
Quelle formidable opportunité pour arroser par centaines de millions les projets les moins rentables. Comment refuser un tel gâteau qui se prête si bien à la distribution à des amis pour les aider à bâtir un système énergétique bancal, certes, mais profitable? Ceci conduira à une raréfaction des ressources énergétiques. On connaît les conséquences sur le pouvoir d’achat des utilisateurs qui seront aussi tenus de financer la destruction du système actuel, peut-être imparfait, mais fonctionnel et moins polluant.
Que ce soit par conviction ou par cynisme, la réélection d’Emmanuel Macron semble nous conduire tout droit vers le suicide énergétique. Dans le cadre de réseaux énergétiques interconnectés au niveau européen, le choix des Français aura des conséquences sur leurs voisins, y compris en Belgique.
Tatiana Hachimi