Loïk Le Floch-Prigent, la disparition d’un immense capitaine d’industrie

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Loïk Le Floch-Prigent, grand industriel devant l'éternel
Loïk Le Floch-Prigent, grand industriel devant l'éternel

La nouvelle de la disparition de la disparition de Loïk Le Floch-Prigent qui avait eu la gentillesse de nous accorder une interview nous attriste profondément. La rédaction de B-Mag présente ses sincères condoléances à son épouse, à sa famille, à ses proches et à ses amis. C’est à l’un d’eux, Samuel Furfari, que nous ouvrons nos lignes afin de saluer sa mémoire et lui adresser un mot d’adieu.

Loïk Le Floch-Prigent, qui vient de décéder,  fut l’une des grandes figures de l’industrie française, ayant dirigé plusieurs des plus importantes entreprises publiques nationales dans les années 1980 et 1990. Je ne l’ai connu que ces dernières années. Un jour, il m’a proposé de nous rencontrer lors de l’un de mes passages à Paris. Nous nous sommes vus, et d’emblée, nous nous sommes compris.

Il avait la conviction profonde qu’il ne peut y avoir d’avenir pour l’industrie française si l’on persiste dans la voie du Pacte vert, qui conduit à des prix anormalement élevés de l’énergie. Passionné par la nécessité de réindustrialiser la France, il défendait avec vigueur une politique énergétique fondée sur la raison, et s’opposait vivement à l’implantation massive d’éoliennes, qu’il considérait comme inefficaces, coûteuses et nuisibles à l’environnement. En tant que Breton, il dénonçait en particulier la destruction du paysage maritime breton et les problèmes que ces installations causaient aux marins-pêcheurs.

Avec clarté et courage, il a su dénoncer les dérives idéologiques qui éloignent la politique énergétique des réalités industrielles et économiques.

J’ai eu l’honneur de collaborer avec lui et de publier des articles que nous avions coécrits, toujours dans l’objectif de protéger l’industrie et la recherche des dérives idéologiques dont l’Union européenne a été le théâtre ces dernières années. À chaque rencontre, j’étais impressionné par la justesse de ses analyses, son franc-parler et sa capacité à replacer les enjeux énergétiques dans une perspective pragmatique, lucide et dénuée de toute complaisance. Il rappelait inlassablement que la prospérité et la souveraineté d’un pays reposent sur une industrie forte et sur une politique énergétique cohérente, loin des dogmes et des effets de mode.

Ce passionné de l’industrie n’aura malheureusement pas vu advenir ce pour quoi il s’est tant battu : une relance industrielle au service de la prospérité. Il avait retenu ma formule de prédilection — « Il n’y aura pas d’avenir sans énergie abondante et bon marché » — et aimait à la reprendre en plaisantant : « Comme Furfari le dit toujours… ».

Je tiens à saluer la mémoire d’un homme dont la rigueur, la vision et l’engagement ont marqué durablement le débat industriel et énergétique français. Que son exemple éclaire ceux qui, refusant les illusions, choisissent la voie du bon sens, du pragmatisme et de la raison.

Samuele Furfari

Professeur, expert en énergie et géopolitique
16 juillet 2025