Les multinationales en croisade diversitaire

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Les major companies ont-elles entrepris de libérer à nouveau la route et la cité de Jérusalem tel Godefroy de Bouillon entre 1096 et 1099 ? A y regarder de plus près, rien n’est moins sûr. Ici, il n’est pas question de ferveur religieuse, quoiqu’on peut se poser des questions quant à l’inquiétante dérive sectaire au sein des directoires et des cellules « marketing & communication » des grandes multinationales.

On avait déjà vu les grosses boîtes s’intéresser au marché communautaire. Quoi de plus logique ? Après tout, c’est aussi un public-cible pour de grandes entreprises comme Nike et Coca-Cola par exemple. Fait singulier, ces campagnes publicitaires se sont ouvertement déroulées dans des pays occidentaux, tendant ainsi à renforcer un clivage communautaire dans des sociétés sous forte tension.  

De « La perfection au masculin » à « Balance ton porc » 

Comparons les époques et attardons-nous sur deux campagnes publicitaires de la firme Gillette (groupe Procter & Gamble, géant des produits d’hygiène) réalisées à trente ans d’intervalle. Lorsqu’en 1989 elle sort la campagne publicitaire  » La perfection au masculin » , mes amis et moi commencions à attraper un peu de duvet au menton. On avait hâte de faire comme papa et papy. La transposition en français de cette publicité me ravissait à chaque fois qu’elle passait sur le petit écran, et je n’étais pas le seul! Trente ans plus tard, conseillée par une agence de communication en vue à New-York, Gillette a changé son fusil d’épaule pour nous pondre la version progressiste 2.0.

Ceci n’est pas un rasoir…

Que s’est-il passé dans l’intervalle ? Comment est-on passé de « La perfection au masculin » à « Balance ton porc » ? En trente ans, comment a-t-on basculé de l’image de l’homme sportif, travailleur, conquérant, optimiste, soigné et charmeur à celle de l’homme violent, violeur, agressif, pessimiste et intolérant. En trente ans, bien d’autres choses ont évolué. Le mur de Berlin est tombé, le bloc soviétique s’est effondré et, surtout, des idées, pas toujours les meilleures, ont colonisé les esprits.

On croyait le communisme vaincu en 1991 lors de l’effondrement de l’URSS, mais c’était sans compter sur la pugnacité et la capacité de mutation de ses adorateurs. Les tenants de l’Ecole de Francfort, notamment Horkheimer, Adorno et Marcuse, investissent les facultés de sciences sociales sur la côte ouest des Etats-Unis dès le milieu des années 1930. Un peu plus tard, les champions de la French Theory que sont Derrida, Sartre, Bourdieu, Foucault & co leur produisent de l’utopie à jet continu tout en la distillant dans la société francophone, France en tête. La défaite du communisme sur le terrain socio-économique était acquise depuis longtemps. Il fallait trouver un nouveau champ de bataille : ce sera sur le terrain des idées en vue d’obtenir l’hégémonie culturelle (un concept redoutable forgé par le communiste italien Antonio Gramsci dans ses « Carnets de Prison ») et la domination des esprits des masses.

A l’assaut de la citadelle « enseignement »

Quel meilleur terrain de jeu que l’enseignement pour diffuser les idées ? On s’empare des esprits juvéniles, on sollicite leur fibre rebelle et on emballe le tout dans un concept pompeux tel que celui de « théorie de la pensée critique » histoire de leur donner l’impression qu’ils agissent de manière réfléchie et dissidente. Quel piège redoutable! Il faut dire que le défunt KGB avait compris la psychologie du kriegspiel qui, à terme, est beaucoup plus dévastatrice que les balles et bombes puisqu’elle pourrit les esprits d’une génération qui devient mûre pour le relâchement, la dépression et la dégénérescence.

En résumé, c’est exactement la feuille de route des postmodernes qui renverseront le système de valeurs propre aux sociétés occidentales fondé sur la règle de droit, la liberté, le respect de la propriété privée, le travail et la famille. C’est une œuvre de destruction, ou plus exactement d’autodestruction. Il suffit d’une génération qui flanche pour que la société soit à risque. Ce mouvement explique dans une large mesure le glissement paradigmatique radical entre la publicité Gillette de 1989 et celle de 2019. Le cas Gillette est loin d’être unique. Les exemples similaires sont légion.

A cet égard, la publicité nous offre une excellente grille de lecture de l’évolution des paradigmes sur le plan sociologique au sein de la société sur une période donnée. Il suffit juste de disposer du bon décodeur…

A l’assaut des grandes entreprises

Non contents d’avoir pris d’assaut les facultés universitaires, les tribunaux et les assemblées parlementaires, les postmodernes ont également conquis les grandes entreprises, à travers leurs départements des ressources humaines et de la communication, mais aussi – et c’est plus inquiétant – les directoires.

Il n’y a donc rien d’étonnant de nos jours à voir les grandes entreprises larguer les amarres avec tout repère, à promouvoir toutes les fragmentations en versant ouvertement dans le sansfrontiérisme de bazar et la diversité pour tous, quitte à générer des clivages insurmontables dans une société déjà largement fracturée. Entre la création du poste de diversity manager au sein des DRH pour veiller à la diversité dans le recrutement – en fait établir une profilage racial des salariés – et celle de community manager sur les réseaux sociaux pour vanter les mérites du multiculturalisme, on n’en finit plus d’avancer vers l’eldorado diversitaire dans une croisade qui se terminera non sans heurts.

Boycott et bienpensance

Car les appels aux boycotts sont nombreux. Les marques qui versent dans le signalement vertueux postmoderne à tours de bras se voient frappées au portefeuille en perdant une partie de la clientèle conservatrice, tandis que les marques qui servent d’annonceurs pour des magazines et journaux situés à droite du spectre politique se voient dénoncées et calomniées par des comptes Twitter tels que celui de Sleeping Giants. Sans grande surprise, pour ces derniers, tout ce qui se situe à droite de l’extrême-gauche relève de l’extrême-droite. Harceleurs hors pair, ils proposent un modèle de Tweet pré-rédigé pour faire pression sur les annonceurs de façon à les « inciter » à boycotter les titres de presse non subventionnés qui ne leur reviennent pas. En somme, les nouvelles jeunesses hitlériennes ne ratonnent plus dans les rues de Munich et de Berlin mais sur les réseaux sociaux. A l’image de ce qui se passait jadis, cette jeunesse éprouve le sentiment réconfortant de se situer dans le camp du Bien. La seule différence notable, c’est qu’aujourd’hui, c’est moins dangereux et moins épuisant. Il y a visiblement eu un effondrement de la testostérone dans les rangs. La race des seigneurs, ce sera pas en 2020…

Mais c’est loin d’être fini. Pour les grandes multinationales, la planète est leur terrain de jeu. Il est donc logique qu’elle promeuvent la mondialisation, le sansfrontiérisme et le multiculturalisme. Voilà pourquoi de concert avec leurs amis politiciens au sein des grandes organisations supranationales qu’ils côtoient par lobbyistes interposés, ils voient d’un œil favorable l’abolition des souverainetés nationales au profit de la mise en place d’une gouvernance mondiale. Ici, le principe n’est plus « diviser pour régner » mais « diluer pour régner ». Et pour cela, il faut se débarrasser du caillou dans leur chaussure : l’orange man de la Maison Blanche.

Trump se caractérise avant tout par son patriotisme. Son élection en 2016 fut un coup tonnerre pour les globalistes, à commencer par ceux au sein même du parti républicain. Depuis ce moment, il n’y a pas un jour sans qu’il soit calomnié et raillé pas la presse mainstream qu’elles soit subventionnée avec vos deniers, détenue pas des milliardaires globalistes (comme Jef Bezos, CEO d’Amazon, propriétaire du Washington Post), ou les deux à la fois.

Contre-boycott et ingérence

Trump et son administration ont engagé un bras de fer avec les big tech companies de la Silicon Valley, les accusant à raison d’entretenir un flou juridique entre leur statut de média (auquel cas elles peuvent censurer et choisir ce qu’elles publient, tout en étant juridiquement responsables des publications) et celui de plateforme de diffusion (ce qui implique qu’elles ne sont pas autorisées à censurer et sélectionner, sauf des propos qui tombent sous le coup de a loi pénale tels que les appels au meurtre et au viol, par exemple).

Réalisant que la menace qui pesait sur lui et Facebook était sérieuse, Marc Zuckerberg a fait marche arrière en affirmant qu’il ne policerait plus le contenu des propos et publicités à caractère politique. Mais quand les globalistes postmodernes essuient une défaite, ils ne déposent pas les armes pour autant. La guerre continue. C’est ainsi que des major companies ont maintenant décidé de suspendre tout contrat publicitaire avec Facebook pendant un mois complet, Coca-Cola en tête, provoquant ainsi une perte de revenus estimée à 7 milliards de dollars pour Facebook, dont l’action a dévissé en bourse. C’est donc une contre-pression qui s’exerce maintenant sur le réseau social afin de le pousser à censurer les publicités à caractère conservateur ainsi que tout discours en ce sens, à quatre mois des élections présidentielles américaines ! Si ce n’est pas une tentative d’ingérence dans la campagne, qu’est-ce donc ?

Chevaliers blancs en croisade diversitaire

Non contentes de nous faire la morale sur notre conduite en nous inventant des travers imaginaires, quitte à nous monter les uns contre les autres, les multinationales entendent peser dans la balance politique en intervenant habilement dans la campagne électorale.

Ces chevaliers blancs (utilisons l’expression tant qu’elle est encore autorisée) mènent une croisade pour une société aseptisée où nos opinions et différences n’ont plus droit de cité. Sous le vernis craquelé de la diversité et du respect de chacun se cache en fait un agenda globaliste furieusement totalitaire qui n’augure rien de bon. Les murs de notre Jérusalem résisteront-ils ?

Jules Alove