Le « monde d’après », avec ou sans voiture?

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Laurent Verdier LVER sur Pixabay Bruxelles mobilité circulation

Bien que le Coronavirus ait rendu encore plus visibles et plus complexes les enjeux liés à la mobilité, le segment le plus « éco-solidaire » du monde politique exploite la crise sanitaire pour donner un coup d’accélérateur au bannissement de la voiture de nos villes. 

La voiture, criminelle par essence! 

Profitant de l’état d’hébétement dans lequel la population est plongée à la suite du confinement, l’écologie politique avance son agenda. Son objectif ultime, criminaliser l’usage de la voiture en ville, n’est pas loin d’aboutir à Bruxelles.

Toutes les mesures possibles et imaginables ont été mises en place pour y parvenir. De la réduction de la vitesse maximale – jusqu’à 10 km/h pour zones les plus violemment sacrifiées- à la fermeture de certaines rues dorénavant « apaisées » en passant par la création d’une zone de basse émission ou LEZ (Low Emission Zone), tout est bon pour harceler l’automobiliste jusqu’à ce que, de guerre lasse, il finisse par lâcher son volant. Cette criminalisation de l’automobile est-elle envisageable? Est-elle souhaitable?

« A l’échelle du pays, l’automobiliste rapporte près de 20 milliards en taxes diverses, principalement sous forme d’accises sur les carburants ou de taxes de mise en circulation », annonce d’emblée Stijn Blanckaert, porte-parole de Freesponsible avant d’ajouter que 90% des trajets y sont effectués en voiture. 

L’automobiliste en quête de justice fiscale

Dans ce contexte, la limitation de l’usage de la voiture laisse présager une importante perte de recettes fiscales, sans compter que très nombreuses personnes ne peuvent tout simplement plus se rendre au travail, une fois privées de leur véhicule personnel.

Certains vous rétorqueront que si l’automobiliste contribue beaucoup, les pouvoirs publics dépensent aussi sans compter pour créer et entretenir les voiries dont il a besoin. C’est partiellement faux s’insurge-t-on chez Freesponsible: « l’automobiliste est le seul usager de la route à être mis à contribution. Les cyclistes et les piétons ne payent rien. Or lorsque l’on transforme une voirie en zone piétonne ou en piste cyclable, on reprend sans contrepartie à l’automobiliste une part de l’infrastructure qu’il a financée »

Le stand de Freesponsible lors du Salon de l’Auto en 2020

À l’inverse d’autres groupes de pression, Freesponsible n’est pas un lobby « pro-voiture ». Par ailleurs, le débat sur le type d’énergie lui est étranger. « Chez Freesponsible, notre objectif est d’oeuvrer à un mix en matière de mobilité qui intègre de façon responsable et optimale toutes les modes de déplacement, que ce soit à pied, en voiture ou à vélo. Actuellement, nous pensons que les transports en commun ne sont pas suffisamment développés pour permettre de diminuer aussi drastiquement l’usage de la voiture en ville. Quant au vélo, en été quand il fait beau, c’est agréable, mais une fois que la météo devient capricieuse, il cesse d’être une alternative crédible, excepté pour les adeptes de sports extrêmes. Enfin, la voiture reste le moyen de transport privilégié lorsque l’on véhicule des objets. Et ce n’est pas rien quand on se déplace pour faire des achats!« 

Immobilité rime avec pauvreté

Parmi les points les plus préoccupants, l’association pointe la LEZ de Bruxelles qui est en train de faire fuir les clients des commerces situés dans la zone. En outre, de façon générale, elle traduit aussi l’inconséquence de l’exécutif qui jusqu’en 2011 encourageait l’achat d’un diésel en finançant jusqu’à 15% du prix d’achat pour finir par taxer aujourd’hui ce même véhicule de norme euro 4, qui regroupe des moteurs diesel de petite cylindrée. On comprend vite que cette politique de dissuasion de la voiture frappe le plus durement les usagers les plus modestes. Par un effet de domino, elle va aussi impacter les commerces que fréquentait ce -large- segment de la population que constitue une part désormais non négligeable de la classe moyenne, elle-même appauvrie.

Apparu récemment dans le paysage de la mobilité, cet acteur a su tirer parti du dernier salon de l’auto pour passer de 800 à 5.000 membres. Aujourd’hui, il en compte 6.600 équitablement répartis entre francophones et néerlandophones. Mais il n’est pas le seul à s’être emparé de cet événement annuel pour se faire connaître. En effet, dans un autre registre, beaucoup moins démocratique celui-là, la franchise belge du mouvement « éco-solidaire » et mondialiste Extinction Rebellion – qui  peut compter sur le soutien de la Princesse Esmeralda de Belgique – en a profité pour mener des actions coups de poing et dégrader des voitures exposées.

Réponse du berger à la bergère, le clan « pro-voiture » a également constitué son noyau dur autour de Mauto Defense pour répliquer par l’action aux provocations du camp d’en face.

Le rêve de rues apaisées que caressent beaucoup de nos élus a néanmoins toutes les chances de se transformer en ring face à des positions aussi clivantes, et surtout, dans un contexte de pauvreté grandissante où l’immobilité peut conduire à la mort lorsqu’elle débouche sur l’impossibilité d’exercer son activité.

Tatiana Hachimi