L’antisémitisme, mal endémique de la gauche?

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Antisémitisme: un mal endémique de la gauche européenne?
Photo de Ksenia Chernaya provenant de Pexels, Antisémitisme: un mal endémique de la gauche européenne?

Alors qu’en Grande-Bretagne la gauche politique jette un regard critique sur l’antisémitisme qui agite ses troupes et gangrène le parti travailliste, la gauche médiatique sur le continent poursuit ses messages tendancieux avec la bénédiction des élus aux commandes pour allouer les subsides. Si la gauche a pour programme la disparition des hommes blancs cisgenres, elle n’est guère plus tendre avec les juifs. 

La Grande-Bretagne ouvre les yeux sur son antisémitisme

Eclipsé par les élections américaines et les nouvelles quotidiennes du front sanitaire, le mea culpa des Travaillistes au sujet de l’antisémitisme qui a secoué la Grande-Bretagne n’a pas eu un retentissement à la hauteur de l’importance des faits. A la suite d’un rapport accablant pour les Travaillistes, entre autre accusés d’interférence politique dans le cadre de plaintes liées à l’antisémitisme, Keir Starmer, nouveau chef de file du Labour depuis mai 2020 a suspendu Jeremy Corbyn, son prédécesseur et figure de l’aile gauche du parti.

Même si cet exercice d’introspection publique tient pour part aux querelles intestines qui animent toute formation politique et qu’on ne peut pas exclure une théâtralisation à la Cahuzac, le fait est là : ceux qui ont passé beaucoup de temps à travailler de « nouveaux électorats » en flirtant avec l’antisémitisme ne pourront plus jouer cette carte impunément. 

Sur le continent, l’antisémitisme “ de bon aloi”

Outre-Manche, ce devrait être un signal à tous les Mélenchon, et en Belgique, à toutes les Catherine Moureaux que compte le pays pour rompre avec un marketing douteux, mais efficace à en croire la longévité qu’il procure en politique à des personnalités qui n’ont pas grand-chose d’autre à proposer.

Le monde politique n’est pas le seul concerné. La presse l’est tout autant. Faut-il vraiment s’en étonner? Après-tout, les cordons de la bourse aux subsides à la presse se trouvent dans des portefeuilles situés à gauche depuis tant d’années… un coup PS ; un coup Ecolo… C’est ainsi que des médias dits « de référence » s’autorisent des saillies antisémites « de bon aloi » et sans le moindre complexe. 

On se souviendra cet été d’une caricature de Pierre Kroll supposée faire rire ses lecteurs (autorisés à ne pas savoir lire) au sujet du pic pandémique qu’a connu un moment la ville d’Anvers. Or, les vautours qui planent sur son dessin et le juif orthodoxe qui le traverse sont hors propos: l’importante communauté juive orthodoxe d’Anvers s’est montrée compliante et précoce dans l’adoption des mesures sanitaires. Elle n’a eu à déplorer que 10 morts. Sur une communauté de 15.000 à 20.000 personnes, c’est plutôt exemplaire. 

Chiffres transparents ; images noires  

Kroll, ou Le Soir qui a publié ce dessin, ont-ils  voulu hurler avec les loups – bien gris?—de Bruxelles pour attaquer Bart Wever?  Quoi qu’il en soit, ils auraient été mieux inspirés de s’abstenir quand on observe l’évolution dramatique de la courbe qui a rattrapé Bruxelles. La situation y a tellement dégénéré que les autorités se sont senties obligées d’y imposer les mesures les plus strictes du pays pour y limiter la contagion dans une population qui compte encore de trop nombreux individus qui crachent à terre tout en ne maîtrisant pas l’art de la distanciation. Invités à commenter cette publication par le quotidien israélien The Times of Israël, Le Soir et ses deux principaux rédacteurs en chef ont préféré ne pas répondre.

On aurait pu imaginer que le réel de la pandémie, de ses chiffres, de ses statistiques nous aurait épargné les bévues et les amalgames faciles. On aurait pu imaginer que les journalistes traiteraient l’information avec sérieux et qu’ils s’informeraient sur les chiffres avant de jeter les mots, et surtout les images en pâture. Il n’en n’est rien. 

Là où Pierre Kroll a joué la carte de l’humour pour lancer son message, chez Belga, l’agence de presse belge, le discours a été délivré plus brutalement et sans le moindre sourire, fut-il narquois! Un titre : Le bilan de la pandémie ; une image : un juif orthodoxe ; un chapeau : « La pandémie du nouveau coronavirus a fait au moins 1.111.152 morts (…) ». Quelle incroyable distorsion par rapport aux véritables chiffres des contaminations dans la communauté juive! 

Le raccourci en a choqué plus d’un tant et si bien qu’une plainte a finalement été déposée auprès du Conseil de déontologie journalistique contre Belga afin de statuer sur le caractère antisémite de sa dépêche du 18 octobre dernier.

Espérons que cet organe, émanation d’une presse tendance gauche hardcore, ne soit pas gagné à son tour par les mêmes turpitudes que le Travailliste Corbyn. 

Tatiana Hachimi