La transition énergétique aura un coût: 8 milliards par an

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La transition énergétique coûtera à terme 8 milliards par an. Une paille, à en croire Le Soir.
La transition énergétique coûtera à terme 8 milliards par an. Une paille, à en croire Le Soir. Image par angelo luca iannaccone de Pixabay

Une tribune de 100 TWh*

Sortir du nucléaire ne changera presque pas votre facture titrait tout récemment Le Soir. Est-ce réellement le cas ? Examinons la facture poste par poste…

Si toutes les centrales nucléaires belges étaient remplacées par des centrales au gaz, la sécurité d’approvisionnement du pays serait garantie. L’effet de cette mesure sur le climat sera particulièrement négatif.

En 2025, après avoir remplacé ses sept réacteurs nucléaires par des centrales au gaz, la moitié de notre électricité actuellement produite par l’énergie nucléaire (environ 40 TWh ou 47% de nos besoins) sera alors produite par le gaz.  

Or l’empreinte carbone des centrales au gaz est 40 fois plus grande que celle des centrales nucléaires : 490g/CO2 kWh contre 12g/kWh selon les chiffres du GIEC. 40 TWh de nucléaire remplacé par du gaz c’est 478g CO2 /kWh ou 19 millions de tonnes de CO2 supplémentaires par an.

Ce faisant, les émissions totales de CO2 du secteur de l’électricité en Belgique s’élèveront à environ 30 millions de tonnes de CO2, soit 23 millions de tonnes de CO2 de plus que la réduction à laquelle la Belgique s’est engagée. Retenez ce chiffre, nous allons le réutiliser…

Mais là où le bât blesse aussi, c’est dans les coûts pour la population belge et son industrie. 

Selon les dernières données (méthodologie VALCOE) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), publiées avant l’explosion du prix du gaz, le coût de l’électricité produite à partir du gaz est de ~90Euro/MWh, ce qui contraste fortement avec celui de notre énergie nucléaire qui n’est que de ~30Euro/MWh. 

Produire annuellement 40TWh d’électricité à un coût supplémentaire de ~60Euro/MWh ne peut que provoquer une explosion du prix de l’électricité, dans ce cas 2,4 milliards d’Euro de plus…soit 3 fois le cout actuel de la part du nucléaire dans notre facture. 

A ce jour les provisions faites pour le démantèlement et le traitement des déchets sont suffisantes. Mais en cas d’arrêt du nucléaire, à partir de 2025, la Belgique devra se passer de la rente nucléaire et du solde des provisions pour 1,2 milliard d’euros par an. Ces sommes auraient pu être utilisées pour le contrôle du CO2 dans d’autres secteurs de notre activité. 

Mais cela ne s’arrête pas là.

En effet, le système européen d’échange de quotas d’émission (ETS) impose à chaque pays une pénalité annuelle de 100 € par tonne de CO2 pour toute quantité d’émission qui dépasse ses quotas européens. Avec 23 millions de tonnes de plus, la Belgique devra donc payer une amende de 2,3 milliards d’euros par an pour son électricité produite à partir de combustibles fossiles.

Mais cela ne s’arrête pas (encore) là.

La compensation des industriels pour leurs nouvelles centrales au gaz qui ne pourront fonctionner en continu, le système CRM (décrit précédemment), est estimée entre 235 et 285 millions par an. 

Cela ne s’arrête (toujours) pas là.

La part d’électricité renouvelable devrait encore augmenter, passant de 17,3 % en 2017 à 40,4 % en 2030.Les subventions à l’électricité renouvelable nous coûtent de 75 à 110 €/MWh. Actuellement c’est déjà plus de 1 milliards €/an mais avec 23,1 % d’électricité renouvelable supplémentaire, les coûts augmenteront de 2,50 milliards d’euros par an.

Au total, cela signifie que la transition énergétique belge coûtera plus de 8 milliards d’euros par an. Sans participation de l’industrie cela représente une charge de près de 850 €/an pour chaque habitant. 

Engager tant de moyens pour des résultats écologiques négatifs et financièrement aléatoires est aberrant. Avec un mix électrique de 25% d’énergie renouvelable, 10% de gaz et 65% de nucléaire les émissions de CO2 issues de l’électricité seraient réduites à 4 millions de tonnes par an, libérant ainsi un crédit de quelque 26 millions de tonnes pour les activités qui ne seront pas aux normes. 

Par contre, la stratégie actuelle nuit à la compétitivité de l’industrie belge, au budget des familles et à l’ensemble de l’économie belge.

Compte tenu de l’incertitude des promesses de toutes les nouvelles technologies en développement, il est de simple bon sens de garder toutes les portes ouvertes, y compris le nucléaire. Mais cela a-t-il de l’importance quand on fait de la politique à court terme ?

*100TWh est un collectif citoyen pour un mix électrique décarboné qui inclut la production d’électricité nucléaire.