Eclipsées par la campagne des présidentielles françaises, les législatives en Hongrie ont offert un véritable triomphe à Viktor Orban. Rien n’était gagné pour le Fidesz, parti du premier ministre, qui avait face à lui une coalition inédite de six partis emmenée par un conservateur, Peter Marki-Zay qui a ratissé de la gauche à l’extrême-droite .
Des élections sous haute surveillance
Voilà douze ans que Viktor Orban – un libéral resté libre- préside à la destinée des Hongrois. Au fil du temps et des excès de la Commission européenne, sa résistance au rouleau compresseur piloté depuis Bruxelles est devenue le pire cauchemar des européistes. Quant à son opposition à l’agenda wokiste sur les terres natales de Soros, elle lui a valu l’ire, à l’échelon mondial, d’une armada d’ONG financées par ce grand argentier du « mondialisme éveillé ».
Dans ce contexte, le bras de fer entre Orban et ses opposants avait une dimension géopolitique, sinon historique, qui dépassait de loin le cadre hongrois. En quelque sorte, c’est une étape cruciale vers le long chemin de « désaliénation » des peuples d’Europe vis à vis de l’UE qui s’est jouée ce dimanche 3 avril. Sans la victoire d’Orban, le souverainisme aurait pu connaître un coup d’arrêt.
Portée par la conscience de l’enjeu et un optimisme qui pronostiquait un Orban en perte de vitesse, la coalition « large spectre » -mêlant des libéraux à des socialistes, à des écologistes et même à des (ex ?) néo-nazis opportunistes comme le Jobbik – était parvenue à faire déployer plus de 200 observateurs de l’OSCE pour encadrer ces élections. Une première… C’est donc sous ce regard supranational que le score historique du Fidesz, une majorité absolue à plus de 53%, est démocratiquement sorti des urnes pour le plus grand bonheur de Viktor Orban, de ses électeurs mais aussi de l’ensemble des souverainistes qui, aux quatre coins de l’UE entendent limiter le pouvoir de nuisance des institutions logées à Bruxelles.
L’Ukraine, thème de campagne
Par chance pour les perdants, c’est l’Ukraine qui monopolise les unes dans la presse occidentale limitant ainsi le camouflet et la visibilité des règlements de compte internes aux frontières magyares. Mais c’est aussi l’Ukraine qui est partiellement à l’origine de leur déroute. La Hongrie, frontalière de l’Ukraine, est particulièrement sensible à la situation sur place. Face à Orban qui, à distance du conflit, tout en condamnant la Russie refuse d’armer l’Ukraine, l’opposition emmenée par Peter Marki-Zay avait misé sur une attitude ouvertement hostile et va-t-en-guerre vis-à-vis à la Russie, au risque d’entraîner le peuple hongrois dans une situation conflictuelle. Manifestement, ce dernier la refuse catégoriquement. Sans compter que le contribuable européen a déjà été suffisamment contraint par l’UE de financer l’Ukraine pour être en droit de limiter son préjudice.
Finalement, avec l’image de l’adéquation entre un peuple, un territoire et un dirigeant c’est surtout une brillante leçon de démocratie qu’offre la spectaculaire victoire d’Orban à des institutions européennes non élues qui peinent à agréger les intérêts de démocraties de plus en plus impopulaires.
Certains dirigeants ont semble-t-il compris qu’il est préférable de prendre conseil auprès son peuple plutôt qu’auprès de cabinets de conseil. Macron et les Big Four voient certainement les choses sous un autre angle…
Tatiana Hachimi