ENERGIE: Lost in Transition (2/10)

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Economie de la pénurie
Economie de la pénurie, image par Piro pour Pixabay

Economie de la pénurie

Nous poursuivons notre exploration des ratés de la transition écologique à travers un texte de Jules Alove. Celui-ci nous livre une analyse macro-économique des conséquences liées à l’agenda vert de l’UE qui va nous appauvrir sur le plan énergétique, et pas seulement.

Il y a peu, Macron nous annonçait la fin de l’abondance. Certains se demanderont pourquoi la fin, n’en ayant même pas vu le début. Mais soit, c’est ainsi. Nos cerbères contemporains ne sont jamais avares de punchlines malaisantes, surtout quand il s’agit de mettre à mal les libertés  individuelles et de dégrader les standards de vie. On nous apprend donc qu’il faudra composer avec moins, se contenter de peu et donc petit à petit affronter la pénurie comme aux temps glorieux du régime soviétique qui, comme l’histoire nous l’enseigne, s’est effondré sous le poids de son administration mais surtout en raison de son incapacité à orienter les flux financiers vers des ressources productives à défaut d’avoir un système de libre fixation des prix, indicateur essentiel pour l’entrepreneuriat. Cet effondrement du à l’impossibilité du calcul économique en régime socialiste avait déjà été prévu et démontré par Ludwig von Mises dès 1922 dans son ouvrage éponyme, mais nos dirigeants actuels semblent n’en avoir cure, prêts à commettre les mêmes erreurs funestes à nouveau, cette fois avec des paradigmes additionnels venant agrémenter la sauce déjà piquante comme nous le verrons plus loin.

Retour chez les Soviets, en Hongrie plus exactement. Peu le savent, mais ce pays a été relativement épargné par Staline parce que la qualité de son système éducatif élitiste produisait des scientifiques de très haut niveau. En économie se distingue Janos Kornai (1928-2021) qui, d’abord marxiste pur et dur après la lecture de Das Kapital, se plonge dans l’analyse des déficiences de l’appareil productif communiste. Dans Socialisme et Economie de la Pénurie paru en 1980, il explique la supériorité des systèmes capitalistes par les pressions à l’efficacité qui découlent de la mise en concurrence ainsi que la recherche de débouchés qui animent les entreprises. Il en arrive à la conclusion que, à défaut de propriété privée et de libre fixation des prix par le jeu du libre échange selon la loi de l’offre et de la demande, le marché ne peut sanctionner les impérities des entreprises et des leurs système de production, ce qui aboutit à terme à la pénurie.

Au final, la production de biens et de services est moindre sur fond de croissance atone, voire de décroissance et, très souvent, les produits finaux ne correspondent pas aux attentes des consommateurs. Ces derniers ont d’ailleurs tendance à se tourner vers le marché noir pour obtenir des produits de l’extérieur de meilleure qualité, accentuant ainsi le déclin économique domestique via la réduction de la demande locale. L’économie de la pénurie devient dès lors un combat de tous les jours pour les gens car ils ne doivent plus simplement joindre les deux bouts à la fin du mois mais très souvent vivre à la petite semaine, voire au jour le jour.

C’est exactement le chemin que nos « élites » européennes et leurs vassaux nationaux ont choisi pour nous avec, cerise sur le gâteau, l’argument de l’écologie, nouvelle religion suprême avec ses mantras, son inquisition, sa grande prêtresse Greta Thunberg et ses pseudo-scientifiques achetés pour la cause.

C’est la religion sans pardon. On n’expie jamais de ses fautes, pas même dans la tombe à laquelle nous n’aurons pas droit car il faudra servir d’engrais ou de compost à Gaïa.

Bref, sur fond de malthusianisme (nous sommes trop nombreux sur terre) et d’eugénisme (les « élites » ont pour mission de gérer la démographie), on nous annonce gaiement des lendemains qui déchantent sur fond d’immigration incontrôlée et de contrôle environnemental avec des prix énergétiques démentiels, obérant ainsi toute croissance économique pour les pays de l’UE.

Tout cela finira très mal. Certainement pas de la manière dont nos cerbères le souhaitent, mais quand même dans la douleur et la misère. S’il est de bon ton de maîtriser sa consommation et de faire preuve de tempérance, la pénurie a de tout temps engendré les pires comportements antisociaux dans les communautés humaines.  Avec une justice chancelante, les projections sont catastrophiques.

Jules Alove