Hier un pont surplombant le Canal du Centre s’est effondré. Il a emporté un grutier dans les eaux et ensevelis la barge positionnée sous l’ouvrage. Le drame a fait un mort, le malheureux grutier et quatre blessés. Le bilan aurait pu être nettement plus lourd. C’est un miracle quand on voit les images saisissantes des véhicules qui accélèrent en pagaille pour fuir la colonne de poussière de béton pulvérisé par effondrement de la route sur laquelle ils vont devoir passer.
Ce drame n’est pas un fait divers ni une fatalité. Il s’agit d’une conséquence directe du manque d’investissement dans les infrastructures routières. Cet événement spectaculaire ne doit pas cacher les dizaines de morts qui succombent dans des accidents provoqués par le scandaleux état de dégradation des chaussées, particulièrement en Wallonie.
Les routes défoncées peuvent tuer directement les motards et entraînent régulièrement l’éclatement de pneus. C’est tellement vrai que certaines enseignes spécialisées dans les pneumatiques sont en rupture de stock à certains endroits précis en période de dégel, lorsque les nids de poule se transforment en nids d’autruche ! A croire que les autorités les laissent se creuser pour installer des dispositifs ralentisseurs à moindre frais, sauf pour la vie des usagers. Dans un contexte où certains partis mènent une véritable croisade anti-voiture, on ne peut pas totalement l’écarter. Utilisateurs de Waze, merci de tenir à jour la cartographie de ces obstacles mortels. Et à Bruxelles, même stationnée, les voitures risquent l’ensevelissement. On ne compte plus les effondrements de chaussée liés aux innombrables fuites du réseau d’eau qui ronge le sol de la capitale de l’Europe. Une recherche sur Google suffit pour mesurer l’étendue du phénomène.
De façon plus générale, la dégradation de nos infrastructures, celles de nos routes, mais aussi de nos hôpitaux, de nos palais de justice, de nos commissariat, … traduit l’accélération de la tiers-mondisation de notre pays. S’il y a des investissements à réaliser de toute urgence, ils doivent aller vers les infrastructures que le contribuable utilise quotidiennement pour éviter le nombre de morts.
Quand l’effondrement d’un pont illustre celui d’une civilisation, n’est-il pas un peu question de corruption ?
T.H.