Le 4 juin dernier, le collectif EU Charade qui rassemble des associations engagées pour des solutions énergétiques contrôlables et durables a manifesté devant le Parlement européen avec une demande claire : instaurer un moratoire sur l’éolien sur terre comme en mer et sur le photovoltaïque au sol.
Pour une semaine de l’énergie durable plus responsable
La date du 4 juin n’est pas un hasard. La manifestation précède une semaine chargées dans l’agenda européen. En effet, du 10 au 12 juin, Bruxelles vivra à l’heure de la « Semaine européenne de l’énergie durable ». Voici un exemple des panel de discussions : How can agrisolar create win-win-win solutions for the farming sector, energy transition and society?
Dans la foulée, la capitale européenne accueillera les 12 et 13 juin la 10e conférence sur l’efficacité énergétique organisée par l’agence internationale de l’énergie. S’y croiseront industriels et décideurs politiques…
Venues de France, d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne, de Suède, du Danemark, de Grande-Bretagne, de Finlande, des Pays-Bas, de Belgique et même de Suisse, rassemblées sous l’égide du collectif EU Charade (European Union Citizens for a Human and Rational Approach to Decarbonation and Energy, diverses associations issues d’horizons variés mais ancrées dans la ruralité ont battu le pavé à Bruxelles. Simples citoyens amoureux de leurs paysages, agriculteurs ou propriétaires de demeures historiques, tous ont tenu à faire entendre leur voix à Bruxelles pour stopper l’avancée de projets d’énergies renouvelables intermittentes (EnRi) à la fois ruineux et destructeurs de l’environnement. Sans compter les énormes contraintes qu’ils font peser sur le réseau électrique comme l’a montré l’inquiétant black-out qui a touché récemment l’ensemble de la péninsule ibérique.

Des écocides labellisés « renouvelables »
Une « petite » éolienne de 3 méga watts (MW), c’est avant tout 900 tonnes de béton pour l’ancrer dans le sol… et tuer ce dernier ! En mer, les dispositifs peuvent monter jusqu’à 26 MW. Autant dire que les fonds marins sont totalement dénaturés. Cette pollution qui imperméabilise les sols, accentue les phénomènes d’inondation. Il en va de même pour le photovoltaïque au sol qui tue toute forme de vie sous les hectares de panneaux composés d’une multitude d’éléments rendus non recyclables. Un véritable écocide !
Pourquoi nos autorités, et singulièrement l’Union européenne, nous forcent à faire le choix de ces solutions énergétiques nocives, coûteuses et dysfonctionnelles ? Parce qu’après des décennies de propagande anti-nucléaire, elles ont réussi à ancrer le message simpliste des bienfaits miraculeux des EnRi qui viendrait se substituer aux centrales nucléaires. « Le soleil et le vent sont là, gratuitement à notre portée. Il suffit de les capter pour obtenir éternellement de l’énergie gratuite et sans le moindre risque ». Hormis dans les aventures de Oui-Oui et ses amis, rien n’est gratuit ni facile. Les politiques se gardent bien de le répéter. Quant à la population, elle n’aime pas qu’on le lui rappelle.
Depuis un demi-siècle, de malentendus en malentendus, les éoliennes et les panneaux photovoltaïques ont envahi nos paysages. Discrètement au début. Un peu plus rapidement depuis la fermeture de nombreuses centrales nucléaires. Paradoxalement, alors qu’une part significative de la population a découvert le pot aux roses, le rythme s’accélère. Un vent contraire se lèvent, et pourtant des projets d’éoliens et de parcs solaires de plus en plus faramineux voient le jour.
A ce stade, le consommateur lambda réalise que quelque chose cloche sérieusement dans le prix qu’il paie pour se chauffer ou se déplacer. Les tensions géopolitiques et singulièrement la guerre en Ukraine fournissent des explications plausibles pour justifier le renchérissement des prix de l’énergie. Toutefois, cet arbre qui cache la forêt ne suffit plus à dissimuler l’étendue du fiasco énergétique dans lequel s’enfonce inexorablement l’Europe. Il est donc essentiel de faire subsidier un maximum de projets avant que la fenêtre d’opportunité ne se referme.
Des pratiques mafieuses?
Lors de la manifestation, des intervenants sont montés sur scène pour expliquer la pression exercée sur les propriétaires terriens afin de les détourner de l’agriculture pour qu’ils cèdent leurs terres au profit de projets EnRi. Tout cela n’est possible qu’avec l’intervention massive de l’Etat. Grâce aux subsides dont bénéficient les promoteurs, certains terrains sont accaparés à un prix jusqu’à six fois supérieur à celui du marché. Des offres que le monde agricole en perdition ne peut pas refuser. Sans rien avoir investi, ou si peu, les promoteurs revendent les installations à des exploitants qui eux aussi percevront des subsides. Voilà pourquoi la facture que vous présente votre fournisseur d’électricité devient une véritable feuille d’impôt ! Et tout cela sans compter tous les subsides au gaz pour assurer les coûteuses et indispensables installations de back-up qui doivent impérativement doubler les EnRi, des usines à gaz, au propre comme au figuré. Dans cet empilement de taxes et de mécanismes inflationnistes, il y a tout de même des gagnants. Des études ont conclu que les montants de la corruption au niveau de l’UE pouvaient atteindre 990 milliards par an. Pour rappel, rien que pour l’année 2023, la Belgique a perdu la trace de 66 milliards.
Pour les exploitants des installations, le bénéfice est maximal. Non seulement leurs revenus sont garantis par le truchement de subsides mais en plus ils sont exempts de risques. Ceux-ci restent principalement à charge du propriétaire du terrain. Le jour où l’administration frappera à sa porte pour assainir le sol, c’est à dire évacuer 900 tonnes de béton par éolienne, il pourra conserver le mât pour se pendre ! Voilà pour le sol. Mais pour un désastre écologique complet, ajoutons les terres rares des composants et les kilomètres de câblage en cuivre nécessaires au raccordement de chaque dispositif au réseau.
Petit à petit, ce scandale qui n’est pas sans rappeler certaines pratiques mafieuses avec leur opacité et leuss rétro-commissions commence à apparaître au grand public. Il en va de même pour les dommages causés à nos écosystèmes et à nos paysages. Tout ceci se ressent déjà au niveau électoral où partout en Europe les partis écologistes dévissent. L’imminence d’une prise de conscience massive pousse les organisateurs de ce marché de dupes à mettre les bouchées doubles pour faire passer un maximum de projets avant que la population ne les rejette de façon massive, voire violente. D’autant que le monde de la finance, qui repassait derrière pour vendre des produits « verts » se détourne du secteur sans même s’en cacher.
Les raisons d’une fuite en avant
Quand BlackRock abandonne les critères ESG, le signal est clair. Même von der Leyen n’’évoque plus que très rarement son pacte vert. La fenêtre d’opportunités semble sur le point de se fermer. C’est pour cela que les promoteurs se montrent si frénétiques pour boucler un maximum de projets avant que les subsides ne soient alloués au nouveau grand plan du moment : « Rearm Europe ».
Mais soyons lucides. La véritable escroquerie en bande organisée des EnRi n’est pas le fait d’un seul parti. Ce système est porté par une très large part des formations politiques. En Espagne, ce délire est soutenu par des socialistes. Hier en Belgique, l’ex-premier ministre De Croo, un libéral du groupe Renew se faisait l’avocat inconditionnel du projet d’île éolienne malgré de spectaculaires dépassements budgétaires. Quant à Ursula von der Leyen, nourrice du Grand Deal, elle appartient au groupe PPE.
Les tenants de ce pillage de masse se retrouvent dans tous les partis de gouvernement et à tous les niveaux de pouvoir. Certains le font avec plus de cynisme, d’autres plus d’idéologie, mais in fine, ils ont accepté ce deal qui se fait sur le dos de la population et qui aura des conséquences incalculables sur les générations futures.
Le but des manifestants est de faire cesser l’hémorragie budgétaire et la fragilisation des infrastructures électriques. Lorsque la population aura compris que dans le « win-win » que nous vendent les programmes politiques et les publicités des compagnies énergétiques, la totalité win n’est que pour quelques uns, elle pourrait demander des comptes et reprendre en main son destin énergétique. En Belgique, ceux qui ont fermé les centrales nucléaires sont ceux qui les prolongent aujourd’hui. Preuve que les retournements de situation sont à la portée de ceux se donnent la peine de peser.
Tatiana Hachimi