Dérapage au musée ethnographique d’Anvers : confusion entre colonialisme et nazisme

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L'art africain comme prétexte pour un point Godwin?
L'art africain comme prétexte pour un point Godwin?

Plusieurs associations belges soucieuses de sauvegarder les liens privilégiés issus de l’histoire commune entre la Belgique et le Congo, ainsi que le Rwanda et le Burundi ont adressé une lettre ce 9 septembre à Marieke van Bommel, directrice du Museum aan de Stroom d’Anvers ( en abrégé et ci-après, MAS, que l’on pourrait traduire par « le Musée au bord du fleuve » ). Une copie de cette lettre a également été envoyée à Bart De Wever, bourgmestre d’Anvers.

Les associations ont visité l’exposition temporaire 100 x Congo. Een eeuw Congolese kunst in Antwerpen / 100 x Congo. Un siècle d’art congolais à Anvers qui se tient du 3 octobre 2020 au 12 septembre 2021 au MAS avec grand intérêt. De manière générale, celles-ci considèrent que l’exposition réussit le tour de force de mettre à l’honneur la remarquable collection anversoise centenaire d’art congolais et à révéler la signification d’œuvres phares.

Dans cette lettre, les associations font cependant part de leur désarroi devant la tendance « décoloniale » culpabilisante et criminalisante à l’égard des Belges et Européens qui imprègne l’exposition en cédant au climat de « wokisme » ambiant. Elles pointent spécifiquement la diffusion du Discours sur le colonialisme de l’écrivain Aimé Césaire qui compare, sans aucune nuance, la colonisation au nazisme. L’écrivain détient une liberté artistique presque complète, mais cette comparaison est totalement inexacte sur le plan scientifique.

En véhiculant cette opinion, les associations considèrent que le MAS ne respecte pas les obligations d’intégrité, d’honnêteté, de justesse, d’exactitude et d’objectivité prévues par les normes européennes et internationales relatives aux musées ; et qu’il abuse ainsi de sa liberté scientifique (qui correspond à la liberté d’expression pour les musées) et commet une faute sur pied de l’article 1382 de l’ancien Code civil lu conjointement avec l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme qui encadre la liberté d’expression.

Les associations précisent que cette lettre revêt uniquement un caractère informatif. Elle n’a d’autre but que de rappeler la mission pédagogique d’un musée et les limites afférentes à la tentation de manipuler l’histoire par l’idéologie. Les associations espèrent que ce rappel pourra être utile au musée à l’avenir.

Quel raccourci que de voir cent ans d’histoire ramenés à un point, un seul: le point Godwin.

Tatiana Hachimi