On ne va pas vous refaire l’historique de la crise du Covid-19 et de sa gestion calamiteuse par la joyeuse équipe de la grande Sophie. Comme on vous l’avait déjà annoncé, la situation économique du pays est mauvaise, voire catastrophique.
Un trou abyssal
Alors qu’on tablait précédemment sur un déficit budgétaire de l’ordre de 45 milliards, les projections de la BNB sont maintenant de l’ordre de 50 milliards, ce qui correspond peu ou prou à la chute du PIB en 2020 suite à la mise à l’arrêt de l’économie. Vu la lourdeur de la fiscalité et la rigidité du code de travail, il ne faut pas non plus s’attendre à une reprise en trombe (en V, comme on dit) et le long chemin de la reprise en L est déjà devant nous.
Même si dans ce marasme, on note que les Belges, connus pour leur grande capacité à mettre de côté pour les jours sombres, ont pu bénéficier d’un effet d’aubaine en étant de facto forcés d’épargner encore plus (on parle du taux record de 20% du revenu net alloué au livret cette année contre 12% en 2018 et 13% en 2019). Par contre, au niveau de l’emploi, c’est la catastrophe puisque le taux de chômage (en pourcentage de la population active entre 15 et 64 ans) va augmenter de 2%, soit environ 200 000 chômeurs additionnels, pour atteindre le niveau de 7,3% (projection) en 2020. Le tableau des projections européennes n’est guère plus réjouissant.
La situation va d’ailleurs se dégrader en 2021 avec une hausse du taux de chômage à 8,3% (projection BNB). Si l’on tient compte d’une reprise de la croissance du PIB en 2021 et 2022, toutes choses étant égales par ailleurs (je vous rappelle qu’on n’a toujours pas de gouvernement fédéral à ce jour), le retour à un niveau de PIB semblable à celui de 2019 est remis à 2023. Si tout se passe bien.
Clarinval et son moment « Marie-Antoinette »
Donc, avec des rentrées fiscales en berne et des dépenses sociales qui explosent, on se retrouve avec un trou de 50 milliards à combler cette année. Ceci a pour conséquence de propulser notre ratio dette/PIB de 99,1% au 13/03/2020 (juste avant le confinement) à un stratosphérique 120%. Le mur de la réalité arrive enfin.
Cette situation calamiteuse, révélatrice de la gestion minable de nos finances et du poids gargantuesque de l’Etat dans nos vies, a le don d’amuser le Vice-premier ministre et Ministre fédéral du budget David Clarinval (MR). Ce dernier n’a d’ailleurs pas hésité à rire à l’annonce de ce chiffre inquiétant. Il nous fait le coup de la brioche chère à Marie-Antoinette, ce qui lui aurait fait perdre la tête. Le ministre a-t-il également perdu la tête?
En effet, le sieur Clarinval, qui a pourtant une formation d’économiste, semble oublier (ou alors, est-ce du cynisme ?) que cette dette est un fardeau à supporter par les générations présentes mais aussi futures. C’est un impôt reporté dans le temps, le coût de l’intérêt en sus, même si ce dernier est actuellement très faible, voire négatif pour les nouveaux emprunts. Face à la dégradation des finances de l’Etat à une vitesse vertigineuse, de telles conditions d’emprunt ne pourront perdurer et il est certain que la prime de risque du débiteur Belgique va exploser. Je ne suis pas sûr que nos enfants apprécieront, ni les migrants d’ailleurs.
Notre « ministre-charlot » aurait pu au moins adopter un ton solennel et afficher profil bas pour annoncer une situation économique aussi précaire. Certes, il se réjouit sûrement que la Banque Centrale Européenne se positionne actuellement en primo-souscripteur à hauteur de 45% du nominal lors de toute émission obligataire belge, ce qui explique largement les taux négatifs. Néanmoins, notre diplômé de l’UCL, probablement toujours en train de pédaler aux 24 heures de Louvain dans les effluves de carapils, semble oublier que les lendemains brumeux sont aussi synonymes de gueule de bois. Et elle sera monumentale avec l’effort économique et fiscal que les Belges vont devoir produire. D’autant plus que l’Union Européenne vient tout récemment de s’auto-déclarer Etat supranational dans les faits en annonçant l’émission d’un grand emprunt collectif de 750 milliards d’euros pour financer la relance (la recette keynésienne qui ne fonctionne pas depuis 1935, mais bon…). Plus on est de fous, plus on rit. Même à l’Europe.
Coup de massue
Avec l’arrivée inévitable d’une taxe européenne, conséquence de la perte des souverainetés nationales et de l’hubris de non-élus européens, on se demande comment le pouvoir d’achat des Belges pourra se relever d’un tel coup de massue. Et ce ne sont pas les solutions d’avant-garde (sic) de tortue géniale, alias Jean-Luc Crucke, qui vont nous sortir de cette impasse au niveau régional. Vae victis!
Jules Alove