Covid-19 est-il le Tchernobyl du parti communiste chinois ? 

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26 avril 1986, il est 1h23m44s, une explosion retentit et projette dans les airs une dalle de béton armé de 1200 tonnes, dont certains débris seront retrouvés à plus d’un kilomètre de leur endroit initial. A Tchernobyl, c’est le choc et la consternation. Comment cette petite ville et sa centrale nucléaire, jusque là si accueillante pour une frange de la population ukrainienne (l’Ukraine faisait partie de l’URSS à l’époque, obéissant aux ordres de Moscou), ont-elles pu en arriver là ? 

Malgré toutes les manipulations et désinformations pratiquées par l’organe central du parti unique, l’enquête, sous la pression internationale, révélera que les faiblesses de la centrale remontent à sa conception. Sa construction n’est d’ailleurs pas sans tache car elle fut menée tambours battants par un seul homme plus soucieux de son image au sein des membres du politburo que de la sécurité de ses camarades, la question nucléaire relevant de la fierté nationale et du rapport de force avec les Etats-Unis pendant la Guerre Froide.  

Ce qui restera comme la plus grosse bourde de l’histoire moderne (et la plus grande catastrophe écologique au fait) est le fruit de sept erreurs humaines consécutives lors d’un exercice de sécurité (!!!) mené par un fou furieux qui avait entrepris de dompter la nature en soumettant l’énergie nucléaire. Et il n’y aura personne sur sa route pour l’en empêcher, pas même le directeur général de la centrale ou l’ensemble des cadres locaux. 

Sans vous refaire toute l’histoire de cette tragédie faite de mensonges, conspirations, luttes de pouvoir, désinformations, manipulations, querelles intestines, réseaux d’influence, décisions irréfléchies, absences de décisions et autres actes irresponsables, on retient qu’avec le recul elle sonna le glas d’un système déficient qui finira par s’écrouler sous le poids de sa bureaucratie mais surtout sous la pression de sa propre dépression morale. 

Déjà, les gens n’hésitaient plus à critiquer le système publiquement. En Allemagne de l’Est, on « sortait le chien » (au plan sémantique, l’expression Est-allemande signifiait en fait qu’on rejetait les bobards du parti) au moment du journal télévisé du soir selon l’expression consacrée à l’époque. Dès 1988, le Rideau de Fer montrait des signes de perméabilité en Hongrie tandis que le Mur de Berlin volera par terre sous les coups de masse un an plus tard, le 9 novembre 1989, plus exactement. Le Pacte de Varsovie scellé en 1955 par les pays de l’Est avec l’URSS ressemble de plus en plus à une lettre morte et le camarade Gorbatchev se demande sérieusement où il va terminer ses vieux jours, s’il les termine, tellement la colère gronde, notamment au sein de l’armée.  

Si la dépression morale est une caractéristique de l’état de désarroi des peuples soviétiques, elle est parfaitement incarnée par le suicide du camarade Legasov deux ans, jour pour jour, après la catastrophe. Il était en charge de la gestion de l’accident et devait rapporter aux plus hautes instances du parti. Après un témoignage déchirant imprimé sur bande magnétique, il se pendra dans son appartement. Ce suicide est bien le reflet de la dépression et de la défiance à son pinacle vis-à-vis de l’organisation communiste. 

C’est bien sous l’angle de la psychologie qu’il convient de voir cet événement catastrophique et ses conséquences sur le bloc soviétique. Ce n’est pas sous la dureté du régime que les gens se sont rebellés, ni sous les affres des conditions socio-économiques lamentables, mais plutôt sous le poids de la dépression et du désarroi subséquents qui ont enfoncé le clou final dans le cercueil du bloc soviétique au même moment où on enterrait la centrale nucléaire sous un sarcophage fait de béton armé et d’acier. 

Dès lors, ne pourrait-on pas voir dans la crise du covid-19 une analogie avec la catastrophe de Tchernobyl ? 

Mais avant cela, la Chine est-elle comparable à l’URSS ? 

Dans une grande mesure, on peut l’affirmer, mais l’analyse est plus pernicieuse ici. Jusqu’en 1991, c’était l’affrontement de l’Ouest contre l’Est, les Etats-Unis en tête avec la coalition, d’une part, contre l’URSS et ses satellites en Europe de l’Est et en Asie Mineure d’autre part. Les deux blocs étaient géographiquement bien scindés et, surtout, la mondialisation n’était pas encore en place, du moins il y avait très peu d’échanges commerciaux  et la circulation des personnes entre les deux camps était minime. 

Ici, Trente ans plus tard, les choses sont différentes. Si les frontières de la Chine sont parfaitement délimitées et visibles (on peut aussi discuter du Tibet, de Taiwan et de son jouet, la Corée du Nord, mais là n’est pas la question), son action et sa portée sont d’ordre international tant son contrôle et ses participations s’exercent au plan mondial. La Chine possède de nombreux aéroports, d’innombrables infrastructures, des sociétés et même des terres arables, notamment en Afrique subsaharienne ou dans l’Indre, en dehors de ses frontières, sans parler de ses réserves de change investies principalement en obligations du trésor américain mais aussi en obligations européennes dans une moindre mesure. Notons que ces réserves ont été accumulées par les exportations chinoises construites sur la misère ouvrière, le dumping social, l’inflation domestique et les manipulations monétaires, ainsi que sur le vol de la propriété intellectuelle. Et tout ceci s’est fait sur les trente dernières années avec l’assentiment et la complicité de nos élites dirigeantes qui ont continuellement fermé les yeux sur la question des droits de l’Homme en Chine, mais plus grave encore sur la question de la dépendance vis-à-vis d’un ogre dont l’organe dirigeant du parti unique n’a que mépris et dédain pour les valeurs occidentales. D’ailleurs, son grand plaisir est d’en exploiter les vices et faiblesses pour corrompre les dirigeants occidentaux et introduire lentement mais sûrement la subversion parmi les peuples via certaines élites intellectuelles occidentales par exemple. 

Aussi, s’il semble assez évident que les origines du virus soient chinoises, il n’y pas lieu de blâmer la seule Chine pour cette débâcle sanitaire et économique. Nos propres dirigeants et nous-mêmes avons  fait preuve d’une faiblesse qui tend à l’aveuglement permanent. Et ce Covid est un réveil douloureux. Après l’orgie monétaire et matérialiste, on a la gueule de bois et il est impossible de prolonger l’ivresse en raison du confinement. Donc, on en profite pour réfléchir et faire son libre-examen. Et la conclusion est sans appel : nous avons été faibles. 

Faibles de penser qu’on pouvait faire confiance à nos dirigeants aussi bêtes que corrompus.

Faibles de penser que la Chine basculerait naturellement dans la démocratie libérale une fois le tournant économique amorcé. 

Faibles de penser qu’un système de parti unique voulait notre bien et n’avait aucune visée impérialiste et national-socialiste parce qu’émanant de l’extrême-gauche. 

Faibles de ne pas avoir envisagé un « business continuity plan » et un « disaster recovery plan » pour nos entreprises locales, nos magasins, nos centres de production, nos administrations, nos hôpitaux et maisons de retraite, et ce au plan national. 

Bref, il n’y pas de quoi être fiers. Si la piste du virus de Wuhan s’avère vraie, il y aura lieu de demander des réparations en dommages et intérêts à la Chine, ce qui provoquera inévitablement un casus belli et, à terme, la fin du parti unique. 

Mais pour l’heure, il convient de balayer devant notre porte, sortir de notre léthargie et de notre paresse intellectuelles pour  remettre en ordre nos Etats, renouer avec nos souverainetés nationales, rétablir nos frontières, se réapproprier notre système de soins et nos  infrastructures médicales. Il faudra aussi veiller à assurer un minimum d’indépendance à nos circuits de production ainsi qu’à nos monnaies nationales. 

En clair, cela passe par la neutralisation des institutions supranationales hors de contrôle  telles que la BCE, le FMI, l’UE, L’ONU et tous ses organes que sont l’OMS, l’OMC et j’en passe. Si la période 1870-1945 fut celle des nationalismes, l’après-seconde guerre mondiale est celle de la montée en puissance des institutions supranationales sur le thème – un cheval de Troie en fait – de la « mondialisation heureuse ». Cette crise est révélatrice de la dépression des peuples laissés pour compte mais aussi faibles d’esprit ainsi que de l’hubris des élites globalistes déconnectées et ivres de pouvoir.  

Le covid-19 est-il le Tchernobyl du parti communiste chinois ? Cela se pourrait. C’est surtout la crise d’instances supranationales en roue libre en l’état. C’est, espérons-le, finalement le chant du cygne d’une mondialisation déraisonnée et d’un matérialisme totalitaire. Déconstruisons par le haut pour décentraliser ensuite. Plus le pouvoir est local, plus le contrôle démocratique est aisé.