Biélorussie: l’UE, la Belgique et leur démocratie à géométrie variable

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Place de la Victoire, Minsk, Biélorussie.
Image par Zdeněk Fekar de Pixabay, Place de la Victoire, Minsk, Biélorussie.

Ce n’est pas que nous soyons des admirateurs d’Alexander Lukashenko. Ce n’est pas que nous tenions la Biélorussie pour modèle de nature à guider nos pas de Belges dans la -très- difficile constitution d’un gouvernement digne de ce nom destiné à remplacer l’actuel attelage minoritaire qui préside à la destinée du pays. D’ailleurs, vous l’aurez remarqué, le Bélarus (son nom officiel depuis la constitution de la Communauté des Etats Indépendants dont elle est un membre fondateur) ne nous a jamais prodigué le moindre conseil sur cette question ô combien épineuse.

La Belgique et son gouvernement minoritaire donne des leçons

Et pourtant, notre ministre minoritaire MR aux nombreux portefeuilles dont celui des affaires étrangères se sent quant à lui autorisé à appuyer des mécanismes ciblés de sanctions supplémentaires de l’UE à l’encontre de Minsk. On notera tout de même que la Belgique a refusé de soutenir des sanctions économiques pour leur impact négatif sur la population biélorusse. A croire que l’Union Européenne n’existe plus qu’à travers l’esprit de meute qu’elle parvient à susciter auprès de ses Etats Membres lorsqu’elle fait face à une proie « facile ».

La Biélorussie, enclavée entre la Russie, les Pays baltes et la Pologne compte moins de dix millions d’habitants. Autant dire qu’avec un PIB qui se classe autour de la 55 e position, elle ne pèse pas très lourd sur la scène internationale. Rien de comparable en tout cas avec la Turquie par exemple. Ceci expliquant certainement la différence de traitement entre ces deux pays quand il est question de prendre des mesures de rétorsion lorsqu’ils s’écartent des standards de la démocratie, voire, comme c’est le cas avec la Turquie, lorsqu’elle attaque un autre membre de l’Otan, la Grèce et même une frégate française.

Et l’autodétermination des peuples à disposer d’eux-mêmes?

Ce qui se passe sur le territoire biélorusse ou en Turquie  -ou même à Hong-Kong- devrait être du seul ressort des populations qui y vivent. C’est une évidence qui découle du principe cardinal qui régit les relations internationales, l’autodétermination des peuples à disposer d’eux-mêmes, selon lequel chaque peuple dispose ou devrait disposer du choix libre et souverain de déterminer la forme de son régime politique, indépendamment de toute influence étrangère.  

Vues sous cet angle, les gesticulations des Belges à l’encontre de la Biélorussie inspirent le ridicule. Quand on les compare à nos reptations face une Turquie qui  nous rackette en exploitant les flux migratoires et qui surtout ne se prive pas d’ interférer sur nos élections en mobilisant ses hordes de binationaux installés chez nous, c’est le dégoût que nous inspire notre gouvernement minoritaire. 

Et de ridicule, il en est toujours question lorsque le brabançon Michel Junior, l’homme de Marrakech qui a flingué son gouvernement pour confortablement s’installer dans sa fonction de Président du Conseil européen passe un coup de fil à Vladimir Poutine. Pour notre fierté de Belges, nous espérons qu’il n’a pas cru bon de dispenser ses cours de « démocratie  pour les nuls » dans un franglais dont lui seul a le secret et probablement intelligible uniquement pour son père, Louis, régent wallon en langues germaniques.

En attendant, il ne faudrait pas que les interférences européennes nous conduisent à un remake de la « révolution orange » financée par Soros et à une nouvelle poche d’instabilité à nos portes avec un enveniment comparable à celui vécu il y a peu en Ukraine.

Tatiana Hachimi