Aux larmes, citoyens !

1273
Vers le droit de vote des étrangers hors UE aux élections régionales?
Image par Thor Deichmann de Pixabay, Vers le droit de vote des étrangers hors UE aux élections régionales?

Quel sens donner à la volonté du PS d’ouvrir le droit vote aux élections régionales aux étrangers ressortissants hors-UE?

Selon le philosophe Burke, une société se compose des vivants, des morts et des enfants à naître, bref de tous ceux qui, au fil des générations successives, ont contribué, contribuent et contribueront encore à l’élaboration et consolidation de ladite société, inscrite et enracinée dans un territoire donné, en acceptant, revendiquant même et surtout perpétuant ses traditions ancestrales et ses us et coutumes. Dans de telles conditions, appartenir à une société et faire corps avec elle est donc à la fois un privilège et un avantage, car cela permet de bénéficier de son expérience et de sa protection. N’en déplaise aux benêts du vivre-ensemble fantasmé, la solidarité se renforce entre les membres d’un groupe homogène et se délite entre membres de communautés trop hétéroclites. 

D’un point de vue plus politique, l’appartenance presque fusionnelle à une telle société permet à chacun de ses membres d’émettre, de façon éclairée et pleinement souveraine, ses avis et opinions lors d’échéances politiques: les désaccords politiques éventuels, certes existants, ne saperont en principe pas les fondements ou piliers mêmes d’une telle société. 

Ce processus de cohésion et décision collectives, intrinsèque à certains types de sociétés (que l’on pourrait qualifier d’homogènes ou, péjorativement’, de fermées), pourrait se définir comme une souveraineté interne, pendant en quelque sorte de la souveraineté extérieure, qui est mise en œuvre par un Etat (ou, le cas échéant, ses entités fédérées), lorsque ce dernier entend par exemple signer et ratifier un traité international. Bref, il y a deux types de souveraineté: l’une qui est exercée – lorsqu’elle existe encore ou du moins partiellement (cas de la souveraineté partagée ou co-souveraineté) – par l’Etat lui-même (ou ses entités dites fédérées), l’autre par sa population sur ses choix sociétaux essentiels (et qui prendront la forme par exemple de consultations populaires ou référendum). 

Actuellement, il ne fait guère de doute que la seconde (i.e., la souveraineté d’un Etat) est ostensiblement remise en cause et attaquée par un phénomène assez subtil, mais continu d’évaporation et de dissolution dans un ensemble plus grand (U.E.); la seconde (i.e., la souveraineté interne du peuple) l’est également de plus en plus et par ceux-là mêmes, c’est-à-dire les élus ou représentants dits du peuple,  qui en sont en principe les premiers garants. 

A cet égard, la manière la plus triviale de saper cette souveraineté interne populaire est également de la diluer dans un ensemble plus grand de ‘votants’, presque toujours étrangers, qui souvent ne partagent précisément pas les traditions et us et coutumes de la société qu’ils rejoignent. Ainsi la volonté de préservation et de cohésion d’un groupe est mise à mal. Ne dit-on pas qu’il faut diviser pour régner ? 

A l’heure actuelle, une telle ambition est portée par certains membres du Parti Socialiste dans le cadre d’une proposition de loi spéciale du 04 septembre 2020, destinée à accorder le droit de vote aux élections régionales aux ressortissants étrangers (c’est-à-dire non européens !) résidant en Belgique. 

Les auteurs de cette proposition de loi ont le mérite d’avancer à découvert: ils plaident, comme toujours sous couvert du « vivre en commun des êtres humains » et d’évolution de la notion de citoyenneté, à privilégier ou, plus exactement, ‘réaménager’ la notion de nationalité au profit de celle de résidence (perdant manifestement de vue, ou faisant mine de perdre de vue, qu’un ‘être humain’ peut changer de résidence comme de chemise, mais non de nationalité). 

La qualité de ‘nationalité’, par essence stable et en principe garante d’une certaine cohésion, semble donc vouée à progressivement céder le pas à celle de ‘résident’, autrement plus volatile, et dont les bénéficiaires seront d’autant moins enclins à faire l’effort d’adhérer à un corpus de traditions et us et coutumes

Une telle marche en avant vers le « progrès » démocratique est annonciatrice de nombreuses désillusions à venir…  

J.L. Erlovsen.