ALLEMAGNE: Une percée historique de l’AfD

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Percée de l'AfD en Allemagne
Percée de l'AfD en Allemagne, image Pixabay

Les élections régionales qui se sont déroulées en Allemagne viennent de déboucher sur une percée inédite de l’AfD (Alternative für Deutschland). Ce parti classé à l’extrême-droite de l’échiquier politique a remporté le scrutin dans le Land de Thuringe, à l’Est du pays. Le SPD y fait un modeste score de 6,1%. Quant aux Verts, ils peinent à y franchir le cap des 3%. Dans le Land voisin de Saxe, fief d’Angela Merkel, l’AfD est arrivée en seconde position après les conservateurs, parti de l’ex-chancelière, qui l’emportent avec une avance qui serait estimée à … 0,3%.

Ces résultats interviennent dans un contexte particulièrement tendu. Tout d’abord la ville de Solingen a été le théâtre la semaine dernière d’une nouvelle attaque au couteau revendiquée par l’Etat islamique dont l’auteur présumé est un syrien. Elle a fait trois morts et de nombreux blessés.

Ensuite, l’AfD en tant que parti fait face à de nombreuses procédures à son encontre prises depuis des mois par les autorités en place. En effet, pour éviter de revivre sa dramatique histoire, l’Allemagne, au sortir de la guerre, s’était dotée de mécanismes particuliers relatif à la légalité des formations politiques. Aujourd’hui, la majorité en place s’est emparée de ces dispositions pour limiter la progression de l’AfD en la mettant sous surveillance. Certains élus ont même songé à faire interdire le parti devant la cour constitutionnelle. Ces actions ont eu un certain retentissement dans la population qui a organisé de nombreuses marches anti-AfD. Le parti avait même baissé lors d’un scrutin local en janvier dernier. A en croire les résultats inédits qui viennent de sortir des urnes aujourd’hui, il s’agissait plutôt d’un épiphénomène.

Les élections qui se sont déroulées aujourd’hui constituent un camouflet pour la coalition d’Olaf Sholtz au fédéral qui rassemble les sociailistes, les écologistes et les libéraux. Les treize mois qui les séparent des élections fédérales seront longs et certainement riches en actions visant à la disqualification, à la marginalisation, à la délégitimisation. Quoi de plus logique dans une Europe où les coalitions de perdants tendent à se multiplier? Après tout, la France retient toujours son souffle après la dissolution, l’arme que Macron a dégainée pour contrer son opinion publique.

Enfin, on notera aussi à gauche le très beau score de la liste BSW (Bündnis Sahra Wagenknecht). Cette formation qui ose s’opposer au paradigme migratoire hérité du présomptueux « Wir schaffen das!“ tout en remettant en question le coûteux soutien inconditionnel de l’Allemagne à l’Ukraine a réussi à séduire 15% des électeurs dans ces deux Lander. Une performance quant on sait que le parti n’a même pas un an d’existence.

Voilà qui prouve comme s’il le fallait encore que l’immigration et la bonne gouvernance constituent de véritables priorités aux yeux de la population et qui ceux qui tentent de les nier prennent le risque de disparaître.