CARNET ROSE: Le fédéral a accouché d’un Corona gouvernement

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En Belgique, le coronavirus rend aveugle mais joue aussi les faiseurs de rois. Au Royaume des frites qui peinait depuis des mois à trouver la dream team qui présiderait aux destinées du pays, il a permis d’accoucher de la version Covid.19 du gouvernement Marrakech. 

Depuis que le libéral Charles Michel s’en était allé présider le Conseil d’une UE qui prouve chaque jours un peu plus sa coûteuse inutilité, Sophie Wilmès avait repris le poste de premier ministre en affaires courantes. Depuis mai, l’incompatibilité entre les socialistes du Sud et les nationalistes de la N-VA au Nord s’enkystait. 

Il aura suffit d’un virus pour permettre à la classe politique belge de s’entendre pour récupérer la crise. C’est ainsi qu’est sorti du service des urgences politiques le gouvernement Wilmès II, porté par le hashtag #KeepSophie qui sonne aussi creux que les applaudissements d’Homo Festivus, incapable de voir de voir le Gilet jaune caché sous la blouse blanche, mais posté le soir à 20h sur son balcon. 

L’apparition du Covid 19 a encore plus fragmenté le pays. Tandis qu’au Sud, les Wallons sous influence française optaient pour une fermeture des écoles, au Nord, la N-VA s’y refusait, privilégiant la voie de l’immunité collective suivie par les Hollandais. Le 17 mars, le  Conseil national de sécurité s’est exprimé avec plus de deux heures de retard pour livrer sa décision concernant les modalités du confinement tant les Flamands campaient sur leur position. 

Récemment, le Président de la même N-VA est sorti avec l’idée d’imposer un couvre feu, amenant un peu plus de confusion quant à sa stratégie globale face au virus qui n’a cessé de balancer entre laxisme et restriction. Avoir le patronat flamand dans le dos pour s’occuper d’une crise sanitaire ne l’a pas aidé à trouver une ligne cohérente ni à se faire une place au gouvernement.  

Notons l’épisode tragi-comique du « Magicien d’Oz », cet ex-candidat libéral flamand d’origine turque qui a réussi à gruger la ministre de la santé fédérale dans un contrat signé à la va-vite entre camarades libéraux qui s’est soldé par 5 millions de masques payés mais volatilisés.

Finalement, cette crise aura permis aux ennemis de la N-VA (mais aussi de la démocratie) de sceller un pacte qui met la première ministre sous la tutelle des présidents de partis francophones, y compris ceux de l’opposition qui sera associée. Les partis flamands du gouvernement Wilmès II sont ultra-minoritaires et la NVA n’a accepté que du bout des lèvres d’être présente aux « conseil des ministres spécial » avec les présidents de parti le samedi matin, nouvel organe ad hoc, qui gouverne en excluant de facto quasiment la moitié de la population flamande qui a voté N-VA et Vlaams Belang . A sa façon, la N-VA a protesté contre cette particratie en désignant à la place de son Président Bart De Wever, Peter De Roover, son chef de groupe à la Chambre.

En Belgique, une fois le volet sanitaire jugulé, on comptera les morts et on repartira en guerre intestine, su fond de cordon sanitaire, ce fameux bug dans démocratie belge. En attendant, la tradition de déficit démocratique chère à notre pays reste bien respectée.