Au fédéral, elle en impose Maggie De Block avec son double ministère! Redoutable championne du dysfonctionnement, celle qui est à la tête de la Santé et de l’Asile se distingue aussi par sa communication de crise catastrophique.
Avec dix mille morts sur les bras (mais apparement pas sur la conscience), des masques détruits par millions pour faire de la place aux migrants (une autre de ses incompétences), elle peinait tellement à en re-commander que ses collègues ont cru bon de la flanquer d’un ministre des masques.
Cela n’a pourtant pas mis fin à la circassienne valse des masques sur fond d’étranges attributions de marché. Le dernier épisode en date qui met en scène le ministre de la défense, le MR Goffin, et la mystérieuse société luxembourgeoise Avrox a fait couler beaucoup d’encre tant l’affaire était obscure.
Grâce à cela, Philippe de Backer, ministre des masques, chante désormais en choeur des « Oops » avec Maggie De Block qui, sur le tard, reconnaît avoir fait des bêtises. Après autant de milliers de morts et une telle gabegie, c’était le minimum syndical pour éviter le lynchage en place publique! La sortie de route a-t-elle été pour autant évitée? Rien n’est moins sûr!
Il y a quelques décennies, aucun ministre n’aurait attendu un tel nombre effarant de victimes pour quitter le gouvernement, un genou à terre. Il faut croire que depuis lors, le sens de l’honneur a cédé le pas à celui de la carrière dans le chef de nos ministres. Si cette façon de faire est très profitable à titre individuel, elle l’est moins pour l’équipe en place. Pour une qui parvient à s’accrocher comme une tique à ses portefeuilles ministériels, c’est toute la barque qui porte l’exécutif qui menace de vaciller.
L’exécutif – entendez Sophie Wilmès – a préféré maintenir la dysfonction au sommet pour éviter de rompre le fragile équilibre sur lequel repose son poste. Remanier son gouvernement pour y mettre à la tête de la Santé un ministre moins enclin à euthanasier la population âgée était inconcevable politiquement tant l’édifice repose sur un équilibre des plus précaires. Il faut dire que les sondages se suivent et ils ne sont pas bons pour les partis traditionnels!
Etrangement, malgré le désastre de la gestion du coronavirus en Belgique qui vaut à notre pays de caracoler en tête de ceux qui ont totalisé le plus de victimes par habitant, la figure de Sophie Wilmès semble faire l’unanimité. Pourtant, en Belgique, outre les masques, les tests et même le tracing, tout est placé sous le signe du fiasco. Et que dire de l’abandon des maisons de repos ! Reposez en paix?
Cette accumulation de décisions inappropriées mais aussi l’absence de décision là où il fallait donner un cap à l’un des pays les plus taxés au monde sont à ce point révoltantes qu’elles ont fini par susciter le besoin démocratique de s’en remettre au parlement, a minima, car la gestion désastreuse du Coronavirus sera examinée en commission spéciale qui n’accorde que des pouvoirs limités aux commissaires. Demi-mauvaise nouvelle donc pour l’actuel gouvernement. Le MR est parvenu à barrer la route, pour un temps, à une Commission d’enquête qui aurait contraint ses ministres à se livrer à une pénible introspection sous la contrainte et à subir un petit étripage entre amis. Exercice que la famille libérale juge trop douloureux. Alors que ce gouvernement tente de négocier sa survie sous forme de prolongation de la Suédoise, la partie semble néanmoins mal engagée.
Le spectre d’élections tant redoutées refait surface. Les sondages qui montrent un PTB toujours plus fort en Wallonie et un Vlaams Belang qui se substitue dans la durée à la N-VA en pole position ne sont pas là pour rassurer les états-majors des partis traditionnels. Pouvait-il en être autrement avec des francophones dont le périmètre des possibles s’arrête aux limites posées jadis par Mme Non? En attendant que les formations politiques se distinguent enfin par la qualité de leur gestion, celles-ci continuent de s’enfermer dans la logique des petits calculs boutiquiers et la nostalgie du « monde d’avant ».
Ce gouvernement qui a laissé les décisions du Dr. De Block faire autant de morts s’est tiré une très vilaine balle dans le pied. Quand il l’a laissée sortir des tentatives de justification, plus pauvres les unes que les autres, il s’est tiré une balle dans l’autre pied. Il faut avouer que les excuses du Dr. De Block sont taillées pour attirer la foudre. Jugez plutôt : Les responsabilités se situent à d’autres niveaux de pouvoir ; d’autres pays auraient fait plus mal ; un bon docteur -comme le Dr. Maggie – n’abandonne pas le patient (qu’il est en train d’euthanasier) ; oops, « j’ai fait quelques bêtises ». Mais que l’index que le Dr. De Block enfonce dans son nez ne soit pas l’arbre qui cache la forêt car la malgouvernance ne s’arrête pas aux limites de son impopularité.
Faut-il s’étonner dans ces conditions que l’Open VLD rejoigne les morts-vivants et que la « Corona Fuijfje » à laquelle a pris part son ex-présidente Gwendolyn Rutten s’apparente à une coffin dance ? De sondage en sondage, au Nord, les libéraux perdent de leur substance. La belle affaire, en Belgique, être le plus petit parti permet le plus souvent de bien se positionner pour exercer les plus beaux chantages. Faut-il encore ne pas être un repoussoir… Or les erreurs des libéraux ont été si immenses qu’elles pourraient devenir un élément rédhibitoire pour les partenaires potentiels.
La commission parlementaire qui se profile, péniblement, ne sera jamais aussi douloureuse que l’accouchement d’un gouvernement fédéral. On notera tout de même que désormais dans ce pays la souffrance n’épargne plus le sommet. Toutefois à ce niveau, personne ne perdra la vie ou son emploi, simplement quelques plumes d’égo, justement celles qui faisaient voler Icare…
Dominique Dumont