Racisme, fléau nourricier des antiracistes

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N ‘avez-vous jamais été envahi par ce sentiment étrange qu’il y a trente ou quarante ans, le racisme avait disparu pour soudainement ressurgir ces derniers temps, et cela, quel que soit votre taux de mélanine? Après avoir été habitué à appréhender le monde dans toutes ses nuances, ne ressentez-vous pas la pression d’un univers qui se réduit progressivement à du simple noir et blanc?

Le racisme à travers les arts

Armstrong, un jour, tôt ou tard

On n’est que des os

Est-ce que les tiens seront noirs?

Ce serait rigolo

Allez louis, alléluia

Au-delà de nos oripeaux

Noir et blanc sont ressemblants

Comme deux gouttes d’eau

(Extrait de Armstrong, Claude Nougaro, 1965)

Qu’elle est loin cette époque bénie où Claude Nougaro brodait autour de la couleur de peau d’Armstrong qu’il vénérait!

Crucifiés, Gainsbourg et ses paroles sulfureuses! « Couleur café », vous avez réellement écouté? Pas franchement dans l’esprit du festival qui en a pourtant piqué le nom!

Oublié, MC Solar, un des plus probables successeurs du grand Serge. Trop « poétique » pour être un vrai rappeur noir, histoire de faire écho à la sortie de route de Bidden dans son dernier rôle, parfait au demeurant, de candidat démocrate à bout de souffle. 

Mais ce désormais cultissime « Vous n’êtes pas noir… » asséné pour pallier un cruel manque d’arguments en dit très long sur la stratégie qu’adopte un progressiste auto-proclamé lorsqu’un élément sort des cases préétablies de son esprit en deux dimensions. Sans revenir sur les origines racistes du parti démocrate déjà abordées dans un article précédent, il est important d’explorer cette volonté systématique de simplifier le monde chez tous ces gens qui ne sont pourtant pas avares de « mais c’est plus compliqué que tu ne le penses… ».

Appelez-les « gauchistes », « progressistes », ou « antiracistes » qu’importe, vous croiserez très souvent ces individus qui ne peuvent pas concevoir qu’un noir puisse critiquer le mouvement #BLM ou qu’un arabe s’en prenne avec virulence à l’actuelle dérive violente de l’islam. Pour eux, le cas de Zemmour est entendu, c’est le diable incarné, et c’est confortable. Que des propos approchants soient tenus par un noir, comme le fils de Muhammad Ali pour ne citer que lui, ou un arabe et voilà que tout se met à bugger dans un cerveau formaté par Camps du Bien.

Dans cette pensée ultra-normée, le noir se doit d’être noir. Il n’existe pas en tant qu’individu. Dans un fulgurant essentialisme, le progressisme lui vole son libre-arbitre. Il lui nie le droit d’exister en tant qu’individu – ce qui est bien le propre de la culture occidentale  – et l’assigne au rôle de représentant de sa communauté. C’est le vol de la liberté de l’individu au profit du « respect » de sa différence communautaire pour reprendre de façon synthétique le tableau que dresse Jeannette Bougrab du multiculturalisme bidon. 

L’Occident qui pensait avoir largué les amarres avec une altérité fantasmée dont on retrouve d’innombrables traces dans les arts à travers les courants orientalistes la voit revenir au galop, mais en version low cost, car c’est malheureusement l’air du temps qui le veut.

A l’heure où l’on déboulonne les statues et où on brûlera bientôt le “Portrait de Madeleine” de Marie Guillemine Benoist pour insulte à la femme racisée, tout est vu sous le prisme réducteur de La Haine, film culte de la génération X et surtout digne représentant du néo-paternalisme, une veine qui a aussi mis les frères Dardenne sur orbite, bien qu’eux la pratiquent avec un minimum de talent . 

Avec de tels référents qui submergent en permanence le champ de la culture depuis des décennies pour frapper des esprits déjà grandement fragilisés par les suites de Mai 68, comment s’étonner de l’avènement d’une société parée d’oeillères? Le soft-power a réussi la plus formidable opération de limitation des esprits! Staline doit se retourner dans sa tombe en voyant tout le temps et l’agent gâchés à tuer des millions de gens alors qu’il suffisait juste de les décérébrer, et cela de leur plein gré. Kim Young-un, si tu nous lis, épargne ton peuple et endors-le avec de la social-démocratie mitterrandienne.

En effet, fermement décidé à prendre le pouvoir, Tonton à la recherche d’une « cause » pour donner un peu contenu à son combat électoral n’a pas hésité à instrumentaliser la mort d’un jeune maghrébin pour lancer en 1985 « Touche pas à mon pote ». Un an plus tard, pour bétonner sa stratégie, il instaure la proportionnelle (parenthèse vite refermée) devenant ainsi le parrain officiel de Jean-Marie Le Pen, son meilleur ennemi. Depuis lors, ce que l’on a pour habitude d’appeler « la gauche » n’a jamais lâché le filon de l’antiracisme. Ce qui lui succède à travers Macron continue de dresser les gens les uns contre les autres pour entretenir cette vague sur laquelle il est si aisé de surfer.

En faisant du racisme inversé, on fait du racisme quand-même, mais on passe pour un gentil. Et quand on est gentil, on peut faire passer tout ce qu’on veut. Même le pire. Ça fonctionne partout, et à tous les coups! Ainsi, au nom de l’antiracisme, on « tolère » à peu près tout, de l’excision à la destruction d’œuvres d’art en passant par la criminalité. Tout est pardonné, quand ce n’est pas encouragé.

En France ou en Belgique, on tourne le dos à la mixité pour mettre les piscines en conformité avec le coran. Un peu partout, la presse gomme l’identité des auteurs de faits criminels à l’aide de périphrases consacrées qui ne laissent pourtant plus planer aucun doute.

En Grande-Bretagne, l’antiracisme a passé encore un autre cap puisque là, c’est la justice elle-même qui a imposé un embargo à la presse afin de ne pas relater les milliers de viols commis par des gangs indo-pakistanais. Il ne faut blesser personne… Les victimes, en tant que non racisées, sont-elles encore des personnes? La question mérite d’être posée, mais elle est dangereuse, et peut même vous mener en prison.

Avouez que cette omerta orchestrée par les plus hautes instances a de quoi jeter le discrédit sur tout habitant mâle de Roterham d’origine indo-pakistanaise pour cinq générations au moins! Les couples mixtes devront s’exiler, comme au bon vieux temps de Shakespeare! Roméo, Juliette, de votre tombe, vous le sentez venir le vent du progrès?

On ne peut pas nier qu’entre l’époque de Touche pas à mon pote et aujourd’hui, la situation ait évolué. En bien? Non. Tout le monde sera d’accord, mais pas pour les mêmes raisons. Les uns constateront que le racisme a progressé là où les autres ne cernent plus trop les contours du « vivre-ensemble » de plus en plus souvent reformulé en « bien vivre-ensemble » pour dissimuler des dégâts collatéraux moins théoriques que le concept lui-même. Au passage, on peut quand même relever qu’autant de millions dilapidés pour acheter la paix communautaire dans les quartiers les plus « défavorisés », c’est quand même un gros gâchis vu le taux de satisfaction qui en ressort quel que soit le camp.

L’immigration est-elle responsable de la montée du racisme? A partir du moment où l’on encourage des allochtones à conserver leur culture au détriment de celle du pays d’accueil, où ils sont invités à se démarquer culturellement et à s’identifier comme « étrangers », on ne génère pas de l’inclusion mais de la rupture. Ces groupes s’auto-définissent et sont définis comme des corps étrangers à la société. Rien d’étonnant à ce que celle-ci développe en retour des anticorps… Voilà pourquoi l’inclusion passe par l’assimilation de valeurs et de pratiques constitutives d’une culture commune. Maintenant que l’assimilation est un concept vraiment tabou, le pire reste à venir en termes de fracturation de la société.

Le drame, c’est que l’empire du Bien ne s’arrête pas à la race. Il ambitionne de tout réguler, jusqu’à l’air que vous respirez. Vous devez penser Bien, vous devez manger Bien, vous devez baiser Bien, vous devez vous informer Bien, vous devez rouler Bien, vous devez payer Bien, etc.

On savait l’Etat nounou atteint d’obésité. Là, on réalise qu’il développe aussi un syndrome de Munchausen par procuration! Après vous avoir fait les poches, et avec cet argent qu’il vous a ponctionné,  il entend vous guérir de tous les maux qu’il vous a diagnostiqué: racisme, sexisme, homophobie, islamophobie, … En vrac et dans le désordre de façon non exhaustive, finis les hamburgers, la voiture, les réseaux sociaux, le cash et la prostitution (sauf si peut-être vous êtes LGBTQI+). Pour vous rééduquer, il va mobiliser un nombre incalculable de corps intermédiaires à qui il délègue le soin de vous transformer en parfait agent du Bien. Et tant pis si vous rêviez de n’être qu’un type simple, sans revendication, dépourvu de particularisme à mettre en avant, juste un Bon Père de Famille.

Comment allons-nous nous débarrasser du racisme?

Arrêtons d’en parler! (Morgan Freeman)

On pourrait étendre la formule de Morgan Freeman à tous ces pseudo-maux dont on voudrait nous affubler pour mieux nous soigner. Sans l’exacerbation de quelques défauts érigés en tares majeures à l’échelle de la société, les aides de camp de l’Etat obèse qui s’incarnent dans la presse subsidiée, les saltimbanques du monde du spectacle et la nébuleuse du monde associatif, seraient au régime sec.

Vous voyez un peu le blues qui s’est emparé des gardiens dans les goulags le jour où Staline est mort… Alors, si notre société réalisait subitement qu’elle n’est pas raciste, qu’elle est saine et qu’elle n’a pas de genou à mettre à terre, vous imaginez le cataclysme dans le rang de ceux qui sont payés pour garder d’équerre l’édifice branlant du camp du Bien? 

Créer un problème et proposer ensuite ses services pour le régler, ça vous évoque plutôt le pompier pyromane ou une bonne vieille technique mafieuse? Quoi qu’il en soit, le racisme met beaucoup de monde au travail. Maintenant que les élections se gagnent à la marge, il est essentiel de se constituer des stocks d’électeurs captifs, isolés par des préoccupations monothématiques. A chaque “cause”, sa niche, ses électeurs, son secteur associatif, ses lobbies, et pour couronner le tout, ses élus! 

On ne répètera jamais assez, le racisme est un fléau à géométrie variable qu’il convient d’éradiquer, sous toutes ses formes. Pour y parvenir, il n’y a pas d’autre chemin que celui de l’universalisme, celui qui rassemble des individus d’horizons les plus divers sous une même bannière. L’antiracisme peut s’acharner à critiquer les Etats-Unis, mais on leur enlèvera pas ça: les USA, c’est un pays, une nation, un drapeau par delà les couleurs de peau. Paradoxalement, et dans un style pour le moins différent, c’est aussi ce qui fait la force de la Russie, un pays qui parvient à rassembler des populations très hétérogènes en termes de ethniques, culturels et cultuels.

Dès lors, en empruntant leur registre lexical, nous souhaitons beaucoup de chance à nos progressistes locaux pour “faire-société” avec ces fragments d’une humanité qu’ils ont racialisée à l’envi. Pas sûr que les #BLM, les Frères musulmans et les #MeToo soient souvent sur la même longueur d’ondes. Mais puisqu’on vous dit qu’en Belgique, l’union fait la force, c’est sûr, ça va aller!

T.H.