Si le parti écologiste aura été le vecteur de l’insécurité énergétique, le parti socialiste pourra s’enorgueillir d’avoir été celui de l’insécurité tout court, et du narcotrafic en particulier Toujours pas sortie des mantras de Mai 68, la gauche, socialistes en tête, se gargarise encore aujourd’hui du très éculé « il est interdit d’interdire ». Idéologiquement gavée jusqu’à l’overdose d’un auteur comme Michel Foucault qu’elle juge majeur, la gauche s’est engouffrée dans le laxisme tous azimuts, y compris en matière de toxicomanie.
Voilà plus de trente ans que les socialistes financent des projets, des recherches, des institutions, des programmes, des organismes dans le but de légitimer l’antiprohibitionnisme. A l’époque, les trois villes les plus touchées par la toxicomanie, soit Liège, Anvers et Charleroi – alors toutes trois socialistes – bénéficiaient largement des budgets octroyés dans le cadre des contrats de sécurité. Ces derniers avaient principalement pour objectif de développer l’approche préventive de la criminalité.
La dérive laxiste-socialiste
A priori, la prévention apparaît comme un instrument indispensable en matière de réduction de la criminalité. Toutefois, dans un contexte idéologique pollué par la gauche, il s’agit en réalité d’une mise en concurrence des politiques préventive et répressive, et cela, au détriment de la seconde. Rien d’étonnant dans un système où « Surveiller et punir » de Foucault fait office de bible… Ainsi, on a vu se succéder toutes sortes de discours destinés à banaliser la consommation des drogues pour mieux dépénaliser voire légaliser leur usage.
On a opposé les catégories « drogues dures » VS « drogues douces » pour introduire l’idée que certains stupéfiants seraient inoffensifs. On a opposé la répression des consommateurs à celle des dealers pour faire croire que le danger sur le plan sociétal ne se situait que dans un seul camp. Il y a peu, toute la publicité faite autour du CBD a contribué à rendre le cannabis non seulement acceptable mais utile. L’objectif de la gauche a été largement atteint : les drogues sont désormais culturellement dédiabolisées et banalisées, voire décriminalisées (par une volonté des parquets de ne plus poursuivre ce qui est jugé comme une infraction mineure). Elles sont aussi beaucoup plus consommées.
En matière de cannabis, la consommation – au cours de la vie – a doublé en vingt ans. Les usages problématiques augmentent aussi. Les modifications génétiques des plants de cannabis permettent un titrage de THC de nature à les transformer en puissant hallucinogène.
A Liège, les autorités socialistes après plus de vingt ans de lobbying intense ont expérimenté la distribution contrôlée d’héroïne dans le cadre du projet TADAM. Un échec, notamment en termes de surmortalité des malheureux toxicomanes enrôlés dans cette expérimentation humaine des plus hasardeuses. Etrangement, le rapport final d’évaluation relatif à ce projet politico-académique mené sous la houlette de l’Université de Liège a disparu du net, que ce soit dans la version complète ou abrégée. C’est bien regrettable pour ceux qui souhaiteraient aborder la question d’un point de vue scientifique. Le projet était donc certainement plus politique que scientifique. Mais cela n’empêche pas le PS de persévérer dans ses erreurs. Après le coûteux financement de salles de shoot dont l’efficacité est sérieusement remise en question alors, en août 2023, le vice-premier ministre socialiste Dermagne plaidait en ces termes pour une légalisation (bien entendu avec taxation !) du cannabis dans une formidable politique du fait accompli : « « Cela n’a plus de sens d’utiliser les moyens de nos forces de police et de la justice pour du cannabis. Il y a des formes de criminalité bien plus graves et plus impactantes pour la vie en société ».
En somme, durant cinquante ans, le socialisme a contribué à promouvoir l’usage des drogues et a délégitimé la police dans ses fonctions répressives. Une fois la situation suffisamment dégradée, le PS revient à l’assaut en prônant le changement de paradigme. Dans le rôle du pompier pyromane, ce parti est véritablement stupéfiant !
Il y a quelques années, la famille de Laurette Onkelinx faisait la une des journaux sur fond de trafic d’héroïne. A cette période, en tant que ministre de la Santé, elle a poussé un projet-pilote de test qualité des drogues. Si ça ce n’est pas un retour de karma! Aujourd’hui, c’est le cabinet de la ministre Désir, en charge de l’Enseignement francophone, qui est éclaboussé par un trafic de cocaïne opéré depuis ses locaux par le fils d’une ex-ministre socialiste, Laanan, qui y était employé. Au détour, un voile s’est levé sur les pratiques endogamiques de la famille socialiste pour qui la solidarité s’exprime avant tout à travers l’engagement des enfants des collègues. Nous ne nous étendrons pas sur les liens entrepreneuriaux dans le commerce de CBD noués entre le fils du juge Claise et celui de la députée européenne socialiste Marie Arena, « non inquiétée » – par ce dernier – dans le Qatargate.
Tolérance, finance, dépendance
Malheureusement, les conceptions laxistes des socialistes en matière de stupéfiants se sont étendues à la plupart des formations politiques. D’Ecolo aux Jeunes MR, à la notable exception de la NVA, les partis surfent ouvertement sur la vague de la tolérance vis à vis du consommateur, voire du dealer pour ceux qui envisagent, ni plus ni moins, de lui substituer l’Etat. Après tout, depuis 2018 la France a introduit les revenus de la drogue dans le calcul de son PIB. En Belgique, c’était déjà le cas depuis 2014 ! Il faut dire que notre petit pays a toujours une longueur d’avance quand il s’agit de briller sur le plan des « avancées sociétales ».
Faut-il s’étonner qu’il finisse par se profiler comme un petit narco-Etat ? N’est-ce pas sur notre ex-ministre de la Justice que pesait une menace d’enlèvement exprimée par un cartel de la drogue ? A Anvers, entre 2013 et 2020, le volume des saisies de cocaïne a été multiplié par 14 ! Les attaques à la grenade y font désormais partie du paysage. Pourtant, Bart De Wever, bourgmestre NVA ne ménage pas ses efforts pour sortir la ville portuaire d’Anvers de la spirale du narcotrafic. Malheureusement, il est tributaire d’une situation dont il a hérité. Durant des décennies de gouvernance socialiste, notamment sous l’ère de Leona Detiège (SPA), les efforts pour réprimer le marché de la drogue ont été largement insuffisants comme on peut le déplorer aujourd’hui.
Ensuite, le problème ne se joue plus à l’échelle d’une ville, fut-ce-t-elle le second port d’Europe. Le marché de la drogue a une dimension internationale tant sur le plan logistique que financier. La déliquescence de l’Equateur, un Etat aujourd’hui gangréné par les cartels, nous impacte directement avec la liaison maritime directe « Guayaquil-Anvers ». Sous l’impulsion de l’ex-président, le socialiste Rafael Correa (exilé en Belgique…) assurant vouloir lutter contre les « microtrafics », ce petit pays a dépénalisé en 2013 la possession de petites quantités de drogue. On a vu le résultat en direct sur nos écrans il y a quelques semaines lorsque des narcos ont fait irruption sur un plateau de télévision avant de faire sauter quelques jours plus tard le véhicule du procureur général qui enquêtait sur cet épisode spectaculaire de la guerre contre le crime. Il faut croire que le tour de vis opéré par le nouveau Président, le courageux Daniel Noboa qui a « repénalisé » la détention de petites quantités de drogue, n’était pas du goût de la mafia. Comme si cela n’indiquait pas clairement la direction à prendre pour espérer démanteler cette économie de la mort, en Europe, le laxisme aura encore de beaux jours devant lui.
Dans son blog, Antonio Maria Costa, Directeur exécutif de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime entre 2002 et 2010 écrivait ceci en 2014 : Aujourd’hui, la crise financière offre une opportunité extraordinaire pour une pénétration mafieuse encore plus grande des établissements financiers à court d’argent : avec la crise bancaire étouffant les prêts, ces groupes criminels riches en liquidités sont devenus les seules sources de crédit. Personne ne semble avoir contesté l’affirmation de Roberto Saviano, formulée dans le livre et le film Gomorra, selon laquelle « ce n’est pas la Camorra qui choisit la finance, c’est la finance qui choisit la Camorra ». Ainsi, selon Antonio Maria Costa, ce sont les milliards de liquidités issus du trafic de stupéfiants qui ont sauvé le système bancaire mondial de l’effondrement lors de la crise des subprimes. Mais c’est au brave quidam que l’on va interdire d’effectuer un paiement en liquide d’un montant supérieur à 3000€ ! Ce sont les comptes de la petite PME qui vont rentrer dans le viseur du fisc ! Ce sont les transactions sur Leboncoin qui seront traquées par les fins limiers… Plus c’est gros, plus ça passe… En attendant, le narcotrafic consume nos démocraties par les deux bouts : par la base, avec un nombre de consommateurs toujours en croissance et par le sommet, avec la narcotisation de notre économie, de nos institutions, de nos politiques… et même de certains cabinets.
A croire que nos démocraties libérales intoxiquées par cinquante années de socialisme n’ont aujourd’hui rien du plus à offrir comme horizon indépassable que la « dépénalisation » et la consommation de drogue pour tous. Ce parti stupéfiant devrait remballer sa rose rouge et lui préférer un pavot carmin !
T.H.