Aux origines de l’écologisme politique et punitif, Hans Jonas

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Aux origines de l’écologisme politique et punitif: Hans Jonas
Aux origines de l’écologisme politique et punitif: Hans Jonas. Image Pixabay

Comment le respect de la terre ou l’amour pour les petites abeilles se mue en punition liberticide? Comment les meilleurs sentiments finissent -encore une fois- par nous plonger en enfer? 

Le militantisme écologiste en tant qu’idéologie intrinsèquement totalitaire et dès lors porteuse de dérives résolument liberticides et mortifères n’est pas récent, même s’il a particulièrement le vent en poupe depuis les funestes ‘Conferences of Parties’ et autres rapports du GIEC. 

La pensée écologiste, elle, fut théorisée avec brio et succès par le philosophe allemand Hans Jonas, qui la dota d’un ouvrage de référence, “Le principe responsabilité”. Une éthique pour la civilisation technologique’ (véritable livre de chevet de la social-démocratie allemande depuis Helmut Schmidt et, plus généralement, des dirigeants ouest-européens), dont l’objectif avoué fut de combler le vide éthique auquel nous confronte l’accélération quasi exponentielle du progrès scientifique. 

Ainsi, selon Jonas, la nature ‘ambigüe’ de l’Homme, capable du meilleur comme du pire (en cela, Jonas se démarque notamment de l’humanisme ‘utopique’ du philosophe marxiste allemand Ernst Bloch) et le développement technico-scientifique effréné font peser sur l’avenir même de l’Humanité et de la Terre un risque réel de destruction, voire de disparition. En d’autres termes, toujours selon Jonas, la technologie moderne fragilise la Nature et la Terre au point de risquer de les faire disparaître purement et simplement. 

Afin de lutter contre ce risque, Jonas développe une éthique d’avenir fondée sur le principe précité de responsabilité envers les générations futures et, surtout, une heuristique de la peur. Ainsi, pour ‘sauver’ la Terre-Mère, Jonas n’entend pas user des moyens démocratiques usuels et communs, au demeurant parfaitement acceptables et acceptés, tels le débat ou la confrontation d’idées, l’analyse scientifique et rationnelle, etc. mais souhaite au contraire faire peur, terrifier, ou encore émouvoir pour inciter les humains à consommer moins, à réduire drastiquement leur niveau de vie, à renoncer à leur confort pour les amener à abandonner la prospérité et l’hédonisme consumériste. 

Dans cette perspective, l’« écologisme » militant et politique prôné par Hans Jonas s’analyse en réalité – pour reprendre à la fois les termes et l’analyse brillante de Michel Onfray – comme un « cheval de Troie » en vue d’un changement civilisationnel destiné à « abolir la nature humaine » (en, dixit Onfray, « prétendant, contre toute évidence (…) qu’elle n’existe pas biologiquement, physiologiquement, anatomiquement, sous prétexte qu’il n’y aurait qu’artifice, artefact culturel. La théorie du genre agit en cheval de Troie de cette idéologie.») et faire émerger ainsi le transhumanisme.    

Ainsi, dans la conception de l’auteur du ‘Principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique’, cette heuristique de la peur ainsi théorisée et promue a pour objectif l’instauration d’une tyrannie [prétendument] « bienveillante », dans le cadre de laquelle la fin justifie désormais les moyens. La désinformation tient une place de choix dans ce dispositif à tendance carcérale.

L’instauration d’une tyrannie ‘bienveillante’ 

Curieux oxymore que cette « tyrannie bienveillante » dans une société qui entend donner le ton en matière de démocratie démocratique pour ensuite l’exporter dans le monde entier ! 

Une éthique pour la civilisation technologique’ de Hans Jonas constitue, pour notre plus grand malheur à tous, le livre-référence de la pensée écologiste européenne contemporaine. Son Principe de responsabilité se profile comme une négation de la philosophie des Lumières.

Les effets de cette philosophie totalitaire se font désormais ressentir, et de manière croissante, dans la vie quotidienne de la majorité des citoyens-contribuables européens.  A titre d’exemple, la sortie du nucléaire en Belgique a été décidée non seulement sur une base strictement idéologique, dogmatique et irrationnelle, mais aussi en désinformant littéralement les citoyens; de même, la mobilité, que ce soit à l’échelle européenne, internationale ou nationale, est désormais fortement découragée et entravée. 

On pourrait encore multiplier les exemples d’atteintes frontales à nos libertés les plus fondamentales au nom d’un prétendu écologisme « bienveillant ». 

Les citoyens européens eux-mêmes ressentent chaque jour, dans leur chair et dans leur portefeuille, les effets dévastateurs de cette idéologie totalitaire prétendument ‘verte’, mais demeurent totalement interdits d’en questionner le caractère soi-disant « bienveillant »; de même, la presse dite ‘mainstream’, le milieu académique, etc. 

« Ecologisme », le livre-vérité de Samuel Furfari

Dans ce contexte, l’essai récent du Professeur Samuel Furfari, ‘Ecologisme, assaut contre la société occidentale’ (VA Editions, 2021), apparaît à la fois comme une bouffée d’oxygène salvatrice, un véritable pavé dans la marre et un acte de courage. L’auteur indique clairement que « suivre l’écologisme n’est désormais plus un choix, mais une obligation». Le matraquage médiatique sur cette question en est un signe trivial et même une confirmation manifeste du diagnostic de notre auteur.  

Ancien Professeur en géopolitique de l’énergie à l’Université Libre de Bruxelles (U.L.B.), docteur en sciences appliquées et ingénieur polytechnicien, Samuel Furfari connaît de l’intérieur les rouages de l’administration européenne puisqu’il y a officié comme haut fonctionnaire durant trente-six ans. Les conclusions de sa longue expérience professionnelle en tant qu’académique, scientifique et haut fonctionnaire, tirées d’une approche rigoureusement scientifique, n’en sont que plus cinglantes. 

Selon lui, la volonté de faire émerger l’écologisme militant et politique à l’échelle de l’Union européenne résulte de la nécessité, presque vitale dans son chef, d’« inventer une nouvelle métaphore », censée à la fois « ré-enchanter » les Européens et donner une direction nouvelle,  prétendument ‘verte’, à la construction européenne (fondée sur une dynamique grandissante d’intégration et de fédéralisme). Comme le rappelle Furfari, ce processus est également à l’œuvre aux USA, depuis Al Gore, qui entendait faire de l’écologie le « principe central de l’organisation de la civilisation’. Ainsi, l’écologisme ‘occidental’, sous le haut patronage et avec la bénédiction presque pontificale de l’ONU, comporte une dimension à la fois éminemment totalitaire (puisqu’il entend régir tous les aspects de notre vie quotidienne) mais aussi spirituelle dans la mesure où il entend ainsi se substituer au christianisme et à la rationalité du scientisme. 

Terrifier, terroriser et culpabiliser sont les trois piliers sur lesquels l’écologisme contemporain, militant et politique, s’appuie afin de réaliser un changement civilisationnel dans lequel l’Homme serait peu ou prou inféodé à la Nature. Le courage de Samuel Furfari est d’en dénoncer le dessein et les mystifications pour y parvenir. 

Si en son temps Al Gore avait pu emporter une partie de l’opinion publique mondiale avec son documentaire catastrophiste ‘Une vérité qui dérange’ (An Inconvenient Truth), il semble qu’actuellement la pensée écologiste peut se résumer par le titre d’un autre film à succès : ‘La vérité si je mens’ et sa suite nombreuse…

Gaëtan Zeyen