ENERGIE VERTE: le CRM dépouille le contribuable discrètement, mais efficacement !

7738
Sans CRM, une compensation du contribuable, le renouvelable peine à être rentable.
Sans CRM, une compensation du contribuable, le renouvelable peine à être rentable.Photo Pixabay.

Un texte de 100TWh*

Qu’est-ce que ce CRM qu’on nous vante tant pour pouvoir se passer des centrales nucléaires, mais surtout pour compenser l’intermittence implicite des moyens de production d’énergie éoliens et solaires? Le Capacity Reservation Mechanism (CRM ou mécanisme de réservation de capacité en français) est un subside caché que l’on va donner aux sociétés productrices d’électricité pour ne pas fournir d’électricité ! Comment est-ce possible et comment le gouvernement fait-il passer la pilule auprès des consommateurs que nous sommes ?

Le prix de l’énergie aléatoire

Tentons de comprendre le principe  : le vent ne souffle pas tout le temps et le soleil non plus, et certainement pas la nuit ! Or nous pouvons avoir besoin d’électricité à tout moment : pensons seulement aux hôpitaux, aux trams, métros et trains, aux industries qui utilisent de l’énergie, mais aussi aux pompes à essence, à nos chauffages, nos téléviseurs, nos électro-ménagers, Internet, etc… Tout cela fonctionne à l’électricité, quand nous en avons besoin et pas donc pas nécessairement quand il y a du vent ou du soleil ! Donc, pour toute puissance électrique (vent ou solaire) installée on doit avoir une solution de remplacement (en anglais back-up) pour pallier ces moments où il n’y aura ni vent ni soleil (et ça arrive régulièrement). Pour cela, on prévoit d’installer de nouvelles centrales au gaz, qui peuvent être allumées et éteintes, très rapidement, en fonction des besoins… Jusque là, tout va bien !

Mais – car il y un mais – les investisseurs qui installent des centrales au gaz, ne veulent pas voir leurs centrales fonctionner seulement une fraction du temps (quand il n’y a pas de vent ni de soleil et que la demande est importante) car leur investissement n’est plus rentable… C’est un peu comme si vous achetiez un appartement pour le louer à quelqu’un, mais que cette location n’est utilisée (et payée) que quelques jours par mois. Vous n’allez pas investir et acheter un tel appartement ? Ce ne sera pas rentable. A moins que…

A moins que le Gouvernement ne vous dise : pas de souci, durant les périodes de chômage locatif de votre appartement, nous vous payerons quand même quelque chose, comme s’il était loué ! En tant qu’investisseur, j’acquière immédiatement  cet appartement et je me frotte les mains en étant certain de rentrer dans mes frais grâce à ce généreux subside. Mais comme nous le savons tous, le  Gouvernement n’a d’autre argent que le vôtre, celui des taxes et contributions diverses… Donc on utilise votre argent pour me faire gagner de l’argent en achetant cet appartement ! Vous n’allez tout de même pas me demander de refuser une telle aubaine !

Avec le CRM, la combine est identique : on va rétribuer des investisseurs (l’équivalent de l’acheteur de l’appartement) les jours où ils ne produiront pas d’énergie -et c’est même encore mieux car durant ces “jours chômés”, ils auront très peu de frais  puisqu’ils ne consommeront pas de gaz –  simplement  pour détenir cette « capacité » de produire de l’électricité quand il n’y aura pas de vent ni de soleil ! C’est magique, non ? 

Dans ce grand -et très coûteux-  jeu de dupes, qui sont les gagnants?  Qui sont les perdants? 

Du côté des gagnants, on retrouve en premier lieu ceux qui installent et exploitent des éoliennes et des productions solaires, puisqu’ils sont payés  un prix garanti pour leur électricité. Il faut noter que ce prix garanti est différent du prix du marché et donc qu’il fausse ce dernier en renchérissant artificiellement l’électricité…  Avez-vous attentivement regardé votre facture d’électricité ? C’est le montant joliment intitulé « coûts énergie verte » – qui garantit aussi les certificats verts- qui permet à ces producteurs d’être rentable malgré l’intermittence !  

En second lieu, bien sûr les installateurs et exploitants des centrales au gaz, puisque, là aussi on leur garantit une rentrée d’argent, qu’ils produisent de l’énergie ou qu’ils n’en produisent pas ! N’est-ce pas magique?

Sauf pour les perdants ? Et qui sont-ils ces perdants? Les consommateurs d’électricité (vous et moi) à travers le support aux énergies vertes mais aussi les contribuables (encore vous et moi) par le biais du CRM ! 

Alors, convaincus de l’intérêt réel de ce CRM qui permet repasser pour tondre le mouton une deuxième fois ? En plus, tout ça pour finir par produire encore plus de CO-2 (le gaz étant une énergie fossile)… 

L’écologie politique vous dit merci !

*100TWh est un collectif citoyen pour un mix électrique décarboné qui inclut la production d’électricité nucléaire.