Ixelles: Drug and the City

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Ixelles: Drugs and the City
Photo de Christopher Farrugia provenant de Pexels, Drugs and the City

Ixelles est cette commune de Bruxelles très prisée des exilés fiscaux français qui, dans leur écrasante majorité, portent Macron dans leur coeur (à Bruxelles ce dernier avait fait le plein des voix) tout en préférant le tenir à bonne distance de leur portefeuille.  Ixelles, c’est aussi Matonge (matɔŋge), ce quartier historique de la diaspora congolaise où le trafic de stupéfiants est particulièrement florissant. Emoi de son bourgmestre Ecolo qui feint de découvrir le phénomène…

Ixelles est probablement la plus clivée des dix-neuf communes que compte Bruxelles. On peut y passer de Central Park au Bronx ;  de Neuilly au 9-3 ; de Hyde Park à Shoreditch (la gentyfication en moins). Ixelles est une sorte de Janus en matière d’urbanisme, un espace de contraste d’une incroyable densité où les hôtels de maître sont aussi nombreux que les façades lépreuses. 

Pour faire bref, Ixelles n’est pas que belle. Aux côtés des guirlandes de Noël, il y a aussi les rouleaux de sécurisation de la police, ces traces éphémères en ruban de plastique blanc strié de bleu qui témoignent d’une activité criminelle passée. Parce que l’urbanisme reflète les pratiques des habitants. 

En période de confinement, les salons de lissage brésiliens du quartier ont mis la clé sous le paillassons. Pas les dealers. Quelle aubaine pour ces derniers! A partir de la vente d’alcool qui a explosé durant le confinement, on peut raisonnablement extrapoler et imaginer que la consommation de drogues a suivi une même courbe ascendante. C’est aussi ce que laisse penser la recrudescence des actes violents à l’encontre de la police lors des contrôles en rue visant au respect des normes sanitaires dans l’espace public.

Quand on sait que l’OCDE a invité ses membres à inclure le commerce de stupéfiants dans le calcul du PIB, il devient difficile d’ignorer que les autorités sont parfaitement conscientes des enjeux économiques liés à cette criminalité. A cet égard, entendre le bourgmestre d’Ixelles jouer les vierges effarouchées en « découvrant » le côté pile de sa commune a quelque chose d’indécent.

Ne nous leurrons pas. Les problèmes de criminalité liés au commerce de drogues sont anciens sur Ixelles. Au début des années 1990 déjà, la presse -avant qu’elle ne soit maraboutée par le fameux sentiment d’insécurité cher à ses autorités subsidiantes- relatait déjà la montée en puissance des nuisances liés à cette économie, à l’époque souterraine. Aujourd’hui, le nombre de faits liés à cette criminalité ont doublé par rapport à ce qu’ils étaient en l’an 2000.

Qu’aujourd’hui, au coeur de cette crise sanitaire inédite, le phénomène incrusté dans le paysage et dans les pratiques engendre un niveau de tension « hors-norme » avec les services de police ne surprend personne, excepté le bourgmestre issu des rangs d’Ecolo qui s’épanche dans la presse pour appeler les autres niveaux de pouvoir à l’aide, entendez quémander des moyens financiers.

Seulement cela fait déjà des décennies que des millions d’euros sont déversés chaque année pour faire refluer le phénomène dans les communes les plus criminogènes du pays. Ces partenariats entre différents niveaux de pouvoir que l’on a longtemps connus sous l’appellation de « contrats de sécurité », malgré les sommes englouties n’ont visiblement pas vraiment changé la donne. Au mieux, ils ont stabilisé le niveau de criminalité. Mais à quel prix! Et à vrai dire, pourquoi en serait-il autrement lorsque l’on se penche un peu sur la philosophie de ce type de dispositif sécuritaire? 

En effet, les communes les plus ravagées par l’insécurité et le trafic de stupéfiants se trouvent les mieux loties pour satisfaire aux critères d’octroi. Plus elles comptent d’habitants précarisés, plus les  aides leur sont accessibles. C’est une véritable prime à la paupérisation et à la criminalisation du territoire qui se déverse sur des communes que tout incite à la malgouvernance. Heureusement, toutes ne tombent pas dans ce piège qui les conduit dans une spirale infernale de l’entretien d’un niveau de violence qui justifie le financement d’un remède. Il existe encore des élus capables d’utiliser cette « manne céleste » pour réellement combattre la criminalité.

Mais invoqué par Doulkeridis, un représentant Ecolo, ce parti qui se fait le porte-voix de tous les laxismes, de toutes les démissions face à la consommation de stupéfiants, ce parti qui peine à concevoir la criminalité en dehors de la sphère financière, ce parti aux accents abolitionnistes qui se fait l’avocat de toutes les légalisations, ce parti qui ne tolère la police que sous forme d’agent de quartier, le mot sécurité sonne particulièrement faux.

Plus un territoire se trouve sous l’emprise d’élus issus de la gauche du spectre politique, plus le trafic de stupéfiants y est florissant. A gauche -mais la pratique tend désormais à se répandre dans toutes les formations social démocrates- on achète la « paix sociale » avec l’argent du contribuable de façon à tenir les nuisances pour celui-ci sous un certain seuil. Il ne s’agit ni de prévenir (c’est trop tard), ni de guérir (cela amènerait des pans entiers de la ville à faire sécession) mais de « gérer » le trafic de stupéfiants en en contenant les effets visibles et dommageables pour les habitants.

Faut-il voir dans la démarche des autorités ixelloises une stratégie pour anticiper un probable effondrement des chiffres de la criminalité et une diminution des aides? Sous  l’effet des confinements successifs, l’invisibilisation d’une partie du trafic de stupéfiants qui se poursuit online, en distanciel, induit une plongée des chiffres de la criminalité pénalisante vue sous l’angle des critères de financement des projets locaux. 

En attendant, on pourra observer que l’assistanat ne frappe pas que les individus comme l’illustrent ces trop nombreuses communes qui ont fait de leurs chiffres de la délinquance un véritable fond de commerce à charge du contribuable. 

Une réflection de fond sur l’utilisation des moyens mis à la disposition des pouvoirs locaux pour endiguer la criminalité s’impose….

T.H.