Carnage national

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Pieter Brueghel l'Ancien, Le Massacre des innocents, détail.
Pieter Brueghel l'Ancien, Le Massacre des innocents, détail.

La décapitation de Samuel Paty, courageux professeur-soldat au service de la liberté d’expression et parti seul à l’assaut contre l’obscurantisme mortifère d’un islam politique qui a pris racine en France, a provoqué un réveil des consciences inédit. Pour la première fois, la France se réveille. Même les esprits les plus accommodants avec les innombrables dérives islamistes assumées commencent à retourner leur veste car ils sentent se lever le vent de l’exaspération au sein de la population.

L’école, otage de l’islam radical

Dès ce jour, Samuel Paty, ne sera plus jamais n’importe qui. Le grand paradoxe de ce drame, c’est qu’avant sa survenue, justement, Samuel Paty n’était personne sinon un professeur d’histoire sans histoire apprécié de ses élèves comme la France en compte des milliers. L’horreur absolue de son extermination par décapitation couplée à cette possibilité pour tout Français de se reconnaître en lui a créé les conditions d’un véritable choc national. En outre, l’école, n’est pas un espace neutre. Elle est la matrice de notre avenir et à ce titre, elle abrite nos enfants, ce qui nous est le plus cher. Les savoir en contact aussi rapproché avec la nébuleuse terroriste est générateur d’une angoisse insoutenable.

A vrai dire, l’onde de choc est planétaire. Elle a même rapproché Poutine de Macron qui se sont entretenus, à l’initiative de la France, au sujet de l’exécution du professeur à la veille de l’hommage national qui lui a été rendu dans la perspective d’un resserrement des liens entre les deux pays sur le volet de la lutte contre le terrorisme.

En Belgique, la presse s’est contentée du minimum syndical pour couvrir un événement qui vient somme toute perturber l’agenda diversitaire qui programmait l’extension du port du voile dans certaines administrations, comme à Molenbeek ou Schaerbeek. Pas de chance non plus pour la chaîne de magasins Delhaize qui venait de communiquer sur « l’air du temps » qui l’avait guidé dans son choix de permettre le port du voile pour l’ensemble de ses employées. Mais le fond de l’air est pourri par les attentats de Bruxelles, de Paris, de Charlie, de l’HyperCasher, du 11 septembre et de tant d’autres carnages. On se demande aussi quel est l’état d’esprit de Philippe Geluck qui reconnaissait une certaine responsabilité à la rédaction de Charlie? Et qu’en pense Cohn-Bendit, qui n’a pas hésité à poser les limites de la provocation.?

Hormis ces cas isolés, partout ailleurs qu’en Belgique, le martyr de Samuel Paty a été vécu comme un point d’orgue. Le point de départ aussi d’un sentiment d’effroi qui saisit tous ceux qui réalisent qu’ils ont basculé dans un monde obscur étrangement proche de celui dans lequel évoluent les personnages de L’Oeuvre au noir de Marguerite Yourcenar. Une oeuvre remarquable à laquelle notre époque post-moderne apporte une nouvelle lecture. 

Telle une femme battue qui soudain se ressaisit avant de se laisser anéantir, passive sous les coups et aliénée par son bourreau, la population ouvre enfin les yeux sur cette religion, l’Islam, qu’on la force à tolérer dans toutes ses dimensions, y compris les plus politiques, alors que celle-ci tente par la force d’anéantir la moindre particule de liberté, cette liberté qui est pourtant le ciment de notre civilisation occidentale. 

Aujourd’hui, enfin, le charme vivre-ensembliste s’est rompu. Soudainement, les craintes et les réticences camouflées sous des couches de précautions oratoires et une grosse de dose de moraline apparaissent comme fondées . Ce voile présenté comme « anodin » au même titre que n’importe quel bout de tissu se révèle sous un jour nettement plus politique. C’est ce que laisse apparaître le chantage exercé sur la France par les ravisseurs de Florence Aubenas qui demandaient une suppression de l’interdiction partielle du voile instaurée en 2004 par la loi interdisant le port des signes religieux dans les écoles publiques françaises. A posteriori, on peut se demander si sauver Aubenas pour préparer le terrain de l’extermination de la rédaction de Charlie et la décapitation de Samuel Paty était un bon choix.

Du déni à la catharsis 

Le massacre de Samuel Paty a conduit la France a ouvrir les yeux sur un demi-siècle de déni et trente années de padamalgam. Heurtée de plein fouet dans ses valeurs fondamentales, la France sort de sa torpeur. Les langues se délient: les professeurs censurés, les professeurs auto-censurés livrent en masse des témoignages édifiants. Ce n’est plus le fait de quelques personnalités courageuses, c’est une véritable libération collective de la parole rendue possible parce que de l’autre côté, la France prête enfin une oreille attentive à ces libertés mutilées. Les Français les découvrent livrés en pâture aux sympathisants du djihad par leur hiérarchie qui refuse de prendre position face des parents d’élèves pétris d’un islam toujours plus radical, toujours plus en porte-à-faux avec les valeurs consubstantielles de notre civilisation. Le rapport Obin avait bien tenté d’attirer l’attention sur la gravité et l’ampleur du phénomène en 2004. Mauvais timing. Le gouvernement de l’époque négociait la libération de l’otage Aubenas (qui s’était quasiment livrée à ses ravisseurs dans un emballage cadeau). Déjà les ravages du #PasDeVague…

Aujourd’hui, la population prend conscience au plus profond d’elle-même qu’elle est au bord du gouffre, celui qui l’entraine dans un processus comparable à celui de la « décennie noire » qui a traumatisé l’Algérie si elle ne réagit pas vite, fort, et de manière ciblée. Si les facilitateurs de djihadisation de la France que compte la classe politico-médiatique française se montrent discrets, voire tentent de changer subrepticement leur fusil d’épaule, ne nous leurrons pas, ils n’ont pas dit leur dernier mot et ils ne lâcheront pas l’affaire aussi facilement. On les voit d’ailleurs déjà à l’oeuvre lorsqu’ils réclament plus de régulation – entendez censure – à l’encontre des « discours de haine » sur les réseaux sociaux.

Quel être sain d’esprit ne développe pas une aversion face à la décapitation le conduisant à haïr non seulement les auteurs de tels actes de barbarie mais aussi ceux qui ostensiblement s’en réclament? Censurer ce sursaut dans la population qui se cristallise dans un sentiment comme la haine ou le rejet revient à inhiber son instinct de survie. C’est d’ailleurs cette haine dans le chef des musulmans dits modérés à l’encontre de leur frange radicale que les populations locales attendent pour inverser le cours des choses et au passage défaire quelques carrières de politiciens prêts à livrer leurs électeurs à la barbarie pour une poignée de mandats.

Le problème ne tient pas aux réseaux sociaux. Il réside dans l’Islam, son corpus de lois d’un autre âge, son cimeterre conquérant et sa propension à l’hégémonie. Il réside aussi dans son instrumentalisation par des formations politiques locales… elles-mêmes instrumentalisées par les islamistes. Soumission disait Houellebecq… Mais les Français commencent à exprimer des signes de révolte.

Tandis que nos voisins en deuil pleurent et honorent leur hussard noir, en Belgique la co-présidente d’Ecolo, Rajae Maouane a tweeté « Bonne journée à tous, sauf au gouvernement français » déclenchant une polémique politique dont on se serait bien passé. 

Indubitablement, la lutte contre l’Islam radical n’est pas au programme de ses porteurs de couteaux verts “éco-solidaires”, hôtes de marque du tout jeune gouvernement Vivaldi.

Dominique Dumont