MOBILITE: Et pourquoi pas un cordon sani-vert?

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écologie punitive
Image par Pete Linforth de Pixabay Extinction Rebellion ou l'écologie punitive

Voilà une semaine de la mobilité qui démarre tambour battant. Ecouter le ton martial de Elke Van Den Brandt ministre bruxelloise de la mobilité invitée ce matin sur LN24, ça vous donne des ailes et toute l’énergie qu’il faut pour fuir – durablement – Bruxelles! Alors, à l’heure des exclusives, pourquoi ne pas oser le cordon sanitaire autour d’Ecolo-Groen avant d’avoir irrémédiablement assassiné l’économie?

Disons-le tout de suite, le cordon sanitaire n’est pas notre tasse de thé. Cette façon de structurer la politique belge autour d’une exclusive, est parfaitement anti-démocratique. Surtout, quand il s’agit de nier les voix du premier parti du pays selon les derniers sondages. Mais puisqu’en Belgique on a pour ambition de jouer au dîner de cons à l’échelle du pays, tant qu’à faire, pourquoi ne pas désigner le véritable con?

L’écologie politique, un sectarisme qui s’ignore

Depuis toujours l’écologie politique est incarnée par des individus dont on a du mal à évaluer la véritable dangerosité tant ils peinent à inspirer le sérieux. En étant gentil, on les qualifiera de « grands enfants ». C’est certainement parce qu’ils ne sont pas vraiment considérés par leurs pairs en politique qu’ils aiguisent toutes les convoitises. Tout le monde, même le MR, voudrait faire main basse sur leurs électeurs. Cela paraît tellement facile. On pourrait croire qu’il suffit d’adopter une dégaine de nain de jardin et de débiter quelques platitudes pour que l’affaire soit entendue.

Pourtant, c’est là que se situe la limite du machiavélisme en dix leçons qui fait recette parmi les élus, le vote écologique échappant à toute rationalité. Il est le fruit d’un endoctrinement (on ne remerciera jamais assez les médias, RTBF en tête, pour les temps d’antenne offerts aux apôtres de l’écologie punitive, Extinction Rebellion en tête) et ses adeptes ne réagissent qu’à leurs gourous attitrés, quel que soit le ridicule qu’ils inspirent. Et c’est probablement parce qu’ils sont animés par une forme de sincérité qu’ils sont tout aussi néfastes qu’inimitables.

Ce ne serait pas la première fois que des leaders de secte finiraient par croire à leurs récits. Tout le monde garde en mémoire les Davidiens de Waco qui défrayèrent la chronique aux USA en 1993 à la suite d’un effroyable bain de sang. Un véritable cas d’école qui a donné lieu à une abondante littérature en sciences humaines et inauguré un nouveau chapitre dans les techniques de négociations en cas de fort Chabrol de façon à intégrer toute l’irrationalité de certains protagonistes. Plus folklorique, et plus vénal aussi, le Mandarom, alias Gilbert Bourdin, qui affublé de son couvre-chef à fleur de lotus avait réussi à bâtir un petit empire financier grâce à la docilité d’adeptes prêts à tout lui donner. Le succès de l’écologie politique, cette gigantesque et délétère tartufferie, se situe dans cette veine.

En attendant, puisque cet élément essentiel échappe à la classe politique, elle continue de draguer ces voix de façon éhontée en creusant le filon de l’écologie. Ainsi, tout le monde se déclare climato-concerné, Greta-admiratif, vélo-compatible et auto-moto—décroissant. Tout le monde, y compris ce qu’il restait de libéraux, se fait l’apôtre des zones 30. A cet égard, Uccle cette belle commune de la couronne verte, nous offre un très joli numéro de contorsion politique. Ce qui fût jadis un fief libéral est aujourd’hui aux mains d’une coalition MR-Ecolo (augmentée d’une larme de CdH). 

Bien que verte et paisible, la commune a donné dans la surenchère en matière d’apaisement et de verduriasation en adoptant un temps des zones non pas 30km/h mais 20km/h! En guise de trophée à ramener à son gourou en chef, la ministre bruxelloise de la Mobilité, Thibaud Wyngaard, échevin  Ecolo de la Mobilité y a planté quelques-uns de ces inénarrables bacs à fleurs à des fins de dispositif anti-voiture. Cette pantalonnade débutée à renfort de banderoles en mai dernier et en pleine crise sanitaire était déjà recalée début juillet par le conseil communal. Pour la rentrée, le MR ucclois se voit à nouveau renvoyé à sa fibre écologique. En cause, la fermeture du Bois de la Cambre qui prive sa commune de l’un des ses deux axes routiers majeurs. Un projet pourtant tellement écologique qui a tant pour plaire à son partenaire de majorité…

Nous épargnerons au lecteur non bruxellois ces querelles localo-locales pour ne retenir qu’une seule chose: en s’associant aux écologistes, le MR ucclois n’a pas perdu que son âme, il y a laissé ses plumes. Et il en sera de même pour tout parti qui rentrera dans une coalition ouverte à Ecolo-Groen pour la bonne et simple raison que cette formation agit de façon sensiblement comparable à celle des sectes millénaristes, c’est-à-dire en se souciant peu du sort de ses adeptes qui en général disposent du privilège d’être les premiers sur la liste des victimes sacrificielles. Que le PS médite bien cet aspect avant de renchérir le prix de l’électricité dans un gouvernement Vivaldi…

La zone 30 première étape du bannissement de la voiture?

Depuis le début, et surtout la crise sanitaire, Ecolo-Groen est parti en croisade contre la voiture et contre la croissance. Il dit « Zone 30 » quand il entend « zéro voiture ». Un doute? Rien de plus clair que l’intervention d’Elke Van Den Brandt ce 15 septembre sur LN24 ! Interrogée sur la Journée sans voiture, elle explique c’est une occasion de découvrir Bruxelles, « les infrastructures qu’on a mises en oeuvre pendant le covid, à pied, à vélo et sentir un peu ce que ça va donner cette ville 30, une ville apaisée, plus calme ». Faut-il comprendre que dans la « zone 30 » telle que rêvée par la ministre de la Mobilité, c’est la journée sans voiture 365 jours par an et que les vélos seront enfin verbalisés quand ils dépassent le 30km/h?

A vrai dire, nous n’avons pas besoin de sa réponse pour constater que l’arrivée d’Ecolo-Groen au pouvoir s’accompagne de l’asphyxie du territoire et d’une perte d’attractivité pour les investisseurs. Dans les zones le plus riches, cela tend à être net et sans transition. Dans les espaces les plus « pauvres », cette phase de déclin est généralement précédées par un épisode de gentrification qui fait gonfler les prix de l’immobilier avant que les conséquences de la malgouvernance éco-solidaire ne reprennent le dessus sur l’épiphénomène. C’est par exemple ce qui semble à l’oeuvre actuellement dans une commune comme Schaerbeek où le retournement pourrait survenir assez rapidement.

En effet, les chiffres récents de l’immobilier bruxellois sont très inquiétants et certainement révélateurs. Alors que le nombre de transactions bat des records à la hausse (sans toutefois résorber l’arriéré lié à la pandémie) et connaît une augmentation de 15% environ par rapport aux chiffres de l’année dernière, tant en Flandre qu’en Wallonie, à Bruxelles, c’est l’inverse: le nombre de transactions y a chuté de 6% en un an!

Nous sommes persuadés qu’il se trouvera de nombreux électeurs qui, sous les conseils de leur coach en bonheur et en #FeelGoodAttitude, y verront la preuve que Bruxelles est devenue tellement désirable que plus personne ne souhaite la quitter et que subséquemment, la raréfaction des biens les rendra bientôt impayables… Nous leur souhaitons que la diminution de 10% du trafic automobile constatée par la ministre depuis la rentrée ne soit pas le signe le plus tangible d’une désertion de masse. La mort de Bruxelles est une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Même pour ceux qui n’y croient pas.

Que faire pour échapper à la punition écologique?

La semaine de la mobilité devrait être le moment idéal pour chacun de se demander si vivre l’ensemble de son existence dans un espace qu’il ne sera autorisé à parcourir qu’en transports en commun défaillants, à vélo ou à pied est un objectif dans son existence et si la suppression de la mobilité pour les personnes âgées est un prix justifié pour l’atteindre.

Ce qui se produit à l’échelon local peut être transposé à d’autres niveaux de pouvoir comme l’illustre par exemple la polémique autour de la prolongation du nucléaire. Si pour Bruxelles, les choses semblent durablement compromises, n’est-il pas temps, sur base de ce cas malheureux, de songer à un moratoire sur les avancées écologiques sous forme de la mise en place d’un cordon « sani-vert » qui protégerait la population belge au niveau fédéral des nuisances d’un programme qui les conduit droit à la décroissance dogmatique, à la pauvreté et à l’arriération?

Tatiana Hachimi