Pendant que la France d’en bas est terrassée par le meurtre sanglant à Lyon d’une jeune femme, Axelle, dans des conditions exceptionnellement violentes puisqu’elle a été percutée, démembrée et ensuite traînée sur plus de 800m, non pas par une voiture, mais bien un conducteur, Emmanuel Macron, avec le ton martial qu’il affectionne tant, évoque des incivilités. A l’abomination des faits, il faut ajouter leur insoutenable banalisation.
« Orange Mécanique, c’est Disney World » laisse comme commentaire au sujet du drame sur un fil de discussions Facebook un internaute révulsé par l’horreur des faits. Ailleurs, d’autres réclament les noms des auteurs après avoir spéculé (et vu juste) sur le profil des auteurs qui s’appellent bien Youcef pour le conducteur et Mohamed pour son passager D’autres encore, s’interrogent publiquement sur les conséquences d’une telle scène d’horreur si la victime avait été issue de la diversité et l’auteur et son complice des souchiens catholiques pratiquants. En ces temps de #BLM, la question ne manque pas de pertinence, surtout pour évaluer les effectifs policiers à déployer dans les rues !
Sans grande surprise, la presse s’est efforcée de taire les noms le plus longtemps possible pour éviter toute « stigmatisation ». Ça fait vingt ans qu’elle fait ça et elle n’a toujours pas osé se poser la question du pourquoi de cette incroyable prévisibilité. Imaginant peut-être qu’en gagnant un jour ou deux sur des faits particulièrement têtus, l’affaire tomberait dans les oubliettes du maelström de l’information en continu.
Probablement mû par le même type de considérations, Gerald Darmanin, le tout frais et très controversé ministre de l’Intérieur, plutôt que de se rendre à Lyon là où l’innommable s’est produit, a choisi de passer la matinée sur le bas côté de l’A7 sur les lieux d’un grave accident de roulage. Peut-être que les funérailles de la gendarme Melanie Lemée, massacrée elle aussi par un conducteur qui l’a percutée à 130km/h en lui arrachant une jambe avant de la tuer, qu’il a présidées lui auront suffit.
Mais soyons lucides, le grand malade dans cette dramatique irruption de l’ultra-violence dans notre quotidien, c’est bien la Justice. Cette justice qui refuse aujourd’hui de remplir ses missions parce qu’elle est exercée par un majorité de juges pétris d’une idéologie qui n’a plus évolué depuis mai 68 et qui ont pour bible Surveiller et Punir de Michel Foucault. Pour cette génération de magistrats, la répression est une abomination pire que le crime. Ces gens qui se rêvent en Robin des Bois voient en chaque auteur une victime d’un passé fait d’injustices sociales qu’il convient de comprendre et de réparer. Voilà cinquante ans que ça dure et les choses ne font qu’empirer.
Le drame d’Axelle n’est pas un fait divers. C’est un fait de société. C’est un point de bascule dans l’horreur. C’est aussi un tournant dans la valeur d’une vie. Est-ce qu’une vie compte? #BlackLivesMatter… Et les autres, vies? Celle d’Axelle, compte-t-elle? On a connu la presse plus véhémente sur l’affaire Floyd qui s’est déroulée de l’autre côté de l’Atlantique! Nos médias nous ont tout dit – ou presque -sur le policier qui l’a tué. D’ailleurs, une des premières choses mentionnées, c’est sa couleur: un blanc.
Le niveau de niveau de violence qui anime désormais certains auteurs n’est pas très éloigné de celui des génocidaires. L’étape qui suit, c’est le cannibalisme. Parlera-t-on aussi d’incivilité?
Tatiana Hachimi